COMPTE-RENDU – Cette année, le Music Chapel Festival met à l’honneur Mozart en nous (re)plongeant dans son œuvre. Le dernier des quatre jours de célébration se fait sentir comme une soirée au coin du feu, la bûche de Noël crépitant au son du 23ème Concerto pour piano et de la Grande Messe en ut mineur : un émouvant et chaleureux concert, combustion nécessaire en ce début d’hiver bruxellois.
Un feu couvant
Grande humilité, pas d’explosion de flammes démesurées. Le pianiste Frank Braley, qui interprétait ce soir le Concerto pour piano n°23, est à cette image : décontracté, sans étalage, attentif à ses collègues, il livre un jeu d’une grande précision que la simplicité de son attitude rend d’autant plus appréciable et impressionnante. Il met ainsi sa sincérité au service de l’œuvre.
Si la chaleur peut aussi bien rayonner, c’est également grâce à la disposition du public : il entoure les artistes (des chaises ont même été ajoutées au fond de la scène). Cette organisation appuie l’impression d’une réunion autour du flamboiement réconfortant, celui que l’on connaît mais qui réchauffe toujours autant le cœur. En témoigne l’attendrissante embrassade spontanée entre Bart Van Reyn (chef d’orchestre) et Frank Braley à la fin de sa prestation.
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Mélancolie ardente
Le moment où l’on se perd dans ses pensées, le regard fixe dans les flammes, c’est celui de l’Adagio : second mouvement sombre et pénétrant du Concerto, porté par l’Orchestre Philharmonique de Bruxelles (Brussels Philharmonic), doux et douloureux. Puis c’est au tour des Chœurs de la radio flamande (Vlaams Radiokoor) de crépiter avec la Messe, passant soudainement d’un volume éclatant à un chant atténué, avec une profondeur équivalente.
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Les dernières braises
Sur les braises vibrantes de cette ambiance conviviale s’animent les voix des solistes (Clémence Garcia, Sofia Anisimova, Filip Filipovic, Oleg-Volkov), jusqu’à l’Agnus Dei final. À moitié rêveur, le public ne tarit pourtant pas de messes basses sur les performances de la soirée !
Après de longs applaudissements, il peut sortir de la salle et affronter le froid hivernal, armé de souvenirs incandescents.
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image de Une © architecte Joseph Diongre – photographie Johan Jacobs