OPÉRA – Produire une Belle Hélène encore plus déjantée et irrésistible que celle pensée par Jacques Offenbach : il fallait oser. La troupe vichyssoise de la Villa Marguerite l’a fait. Pour le plus grand bonheur des amateurs de belles envolées lyriques et de jeux de mots à gogo ! Accrochez-vous, c’est parti !
C’est un monde où les dieux grecs se parlent comme des copains de cour d’école, où la foudre de Zeus fonctionne aléatoirement parce que Made in China, et où Hélène la reine de Sparte se pavane en short de plage avec lunettes de soleil dernier cri et des palmes grotesques aux pieds pour éviter les piqures d’oursins. Bienvenue dans l’univers de la Belle Hélène d’Offenbach revisitée par la Villa Marguerite, une troupe vichyssoise jamais à court d’idées et d’énergie, surtout lorsqu’il s’agit de donner dans le déjanté, le comique à toute épreuve et le calembour à l’envi. À ce propos, connaissez-vous la différence entre des cornichons et l’augure de Jupiter ? Les premiers sont confits dans du vinaigre, le second est confident du roi. Elle est bonne, non ?
À se fendre la poire…Belle Hélène !
De la matière à se fendre la poire…Belle Helène, bien sûr, mais surtout et d’abord un sacré pari relevé par les comédiens et chanteurs de l’institution vichyssoise. D’ordinaire, dans le sillage de Fleur et Sylvain Mino, chanteuse et tubiste, ceux-ci se produisent dans le salon d’une maison de charme devenue un repaire d’amateurs de belle musique interprétée au coin du feu, en atteste cette même version de l’opérette d’Offenbach donnée en ces lieux l’an passé (notre compte-rendu sur Olyrix). Mais le succès couronne tant l’entreprise de la dynamique association que celle-ci a voulu relever le défi de remplir une salle un peu, et même beaucoup plus grande : le centre culturel de Vichy. Et le public a dit banco, lui qui est venu en masse pour voir Pâris triompher aux jeux de la séduction.
Une salle plus grande, mais aussi une scène, qu’il convient donc, avec pour uniques moyens une folle envie de bien faire, de parer de ses plus grecs atours. Pas un problème, pour une troupe devenue reine dans l’art de faire des merveilles avec trois bouts de ficelle et mille fois plus de bonnes idées : des boules de coton suspendues pour figurer quelques nuages, un fond de scène bleu pour le beau ciel azur, un semblant de trône de blanc et d’or et quelques transats (les Dieux bronzaient aussi, non ?). Voici pour poser le cadre d’une production mobilisant largement les forces vives locales, sous les consignes bienveillantes des metteurs en scène et scénographe : David Koenig et Giuseppe di Caro. Il y a ainsi Anne Chevrel, derrière des costumes dignes d’une fashion week entre marcels, capes et autres peignoirs ; Christine Vizier derrière des coiffures du meilleur effet, notamment celle d’Hélène aux tresses réglées au millimètre ; et enfin Noa Richard, venu régler de parfaits jeux de lumière dominés par des teintes toutes méditerranéennes.
Hélène et les garçons
Et puis il y a les voix, évidemment. Celle de Fleur Mino d’abord, vive de timbre, fleurie en intonation, soucieuse de lustrer chaque mot surtout lorsqu’il s’agit de faire sourire l’audience ou de duper son sot « d’é-poux de la reine, poux de la reine ». Un époux qu’Hélène accueille à coup de « ciel, mon mari ! » et ici campé par un remuant Fabrice Todaro, qui joue le caprice d’enfant aussi bien qu’il sait se faire entendre par son sémillant baryton. Pâris ? Il est porté par le tout aussi pétillant ténor Juan-Carlos Echeverry, jouant du charme, de la célérité d’esprit et de la roublardise avec un égal entrain, et une voix projetée avec lyrisme et assurance.
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Sautillant, remuant, en somme en mouvement permanent, Guillaume Beaujolais est un impayable Calchas, faussement autoritaire et réellement feu follet, qui mobilise ici un instrument vocal qui en impose, mais surtout des talents de comédiens affirmés, pour se mettre bien mieux au service des zygomatiques qu’à celui de Jupiter.
Quant à David Koenig, metteur en scène tâchant de montrer l’exemple, il confère aux rôles d’Agamemnon et Bacchus tout ce qu’il faut de fougue, d’élan vocal et de sottise aussi, pour parfaitement se fondre dans la folie ambiante. Laquelle doit aussi beaucoup à l’homme-orchestre Mickaël Bardin, idéal donneur de tempi derrière son piano, et compagnon de délire musical, quand il ne se lève pas aussi pour, ici et là, se prêter à quelques calembours. Car sur scène, il est sans doute comme Hélène à l’heure de s’exiler dans les îles : bien trop bavard pour Cythère. Elle est bonne, non ?
Votre nouveau nom, très fils de pub, a eu du mal à passer. Votre orthographe grince aux yeux comme un vilain couac aux oreilles, et quand on mate un tel titre, on hésite à continuer. Mais vos joyeux calembours ne me donnent plus envie de lire la suite qui, parfois, n’est pas inintéressante. Je me désabonne donc. Adieu Classichaos.