DANSE – En février à Rome se tient le festival de danse contemporaine Equilibrio. La soirée d’ouverture à l’Auditorium met à l’honneur le chorégraphe star Benjamin Millepied avec deux pièces interprétées par le ballet de l’Opéra de Rome. Closer and On the other side sont toutes deux pensées sur la musique de Philip Glass, jouée en live par le pianiste Lucio Perotti.
On ne le présente plus ?
Si Benjamin Millepied raconte qu’il a voulu être pianiste, il se destine très vite à une carrière de danseur. Principal Dancer au New York City Ballet, il devient chorégraphe et fonde sa propre compagnie à Los Angeles. De retour en France pour lancer le Paris Dance Project, Benjamin est partout : après un duo avec le pianiste Alexandre Tharaud, le voici à Rome…
Closer un duo intimiste
La première pièce Closer est un duo créé en 2006. La danseuse étoile Rebecca Bianchi et le premier danseur Michele Satriano se glissent dans la chorégraphie néo-classique de Benjamin Millepied. Ressemblant à un couple qui vient juste de se lever, elle dans un long t-shirt blanc et lui en pantalon gris et t-shirt blanc, ils se mettent à danser. La chorégraphie est riche : ports de bras, portés, sauts, ainsi qu’une petite partie au sol où les deux corps s’imbriquent à merveille… La musicalité des mouvements nous saisit et l’on est à l’affût du prochain pas. Les jeux de lumières soulignent les lignes parfaites de la danseuse.
Souffle court
La sensualité du couple ne permet cependant pas de cacher un manque de spontanéité chez les deux danseurs. Malgré une propreté remarquable et une parfaite maîtrise des pas, l’élan du chorégraphe, (que l’on voit encore souvent sur scène) qui pense sa danse comme une respiration, ne se retrouve pas dans le duo. Au fur et à mesure de la pièce, cette sensation tend à s’atténuer. Si la série avait été plus longue (3 dates seulement) on serait revenu voir comment le couple a évolué !
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On the other side : pièce de groupe
On the other side est une pièce pour 8 danseurs créée en 2016. Dans cette distribution, solistes et danseurs du corps de ballet de l’Opéra de Rome se mélangent. Les duos, trios et moments de groupe s’enchaînent dans un mouvement collectif où les costumes débraillés (tenues de villes ou de sports) permettent d’identifier les individualités.
Les huit danseurs lient leurs mouvements sans jamais un accroc. On voit par moment apparaître des canons qui se retrouvent ensuite sur certains mouvements sans que l’on ait pu le prédire. Les différentes formations permettent de voir une multitude de pas : d’un duo entre deux hommes où les portés se font sur le dos, à des jeux de bras lorsque les huits danseurs se retrouvent, on ne s’ennuie jamais ! Certains duos ressemblent à des danses de salon avec le bras de l’homme bien rigide qui guide la femme. Un solo masculin rappelle le prince du Lac des cygnes avec sa mélancolie et ses sauts aériens et silencieux…
Le travail de l’ombre, dans la lumière
Dans cette deuxième pièce, les danseurs sont bien plus à l’aise avec le style si vivant du chorégraphe. Le couple en rouge se jette dans les portés sans hésitation et avec un élan très naturel, la danseuse en jupette noire interprète à la perfection un solo qui se rapproche du style de Forsythe et ses petits pas complexes. Sa précision et son habilité sont impressionnants et permettent une réelle fluidité. On salue le travail des danseurs mais aussi des deux répétiteurs (Allister Madin et Aaron Carr) qui sont d’ailleurs appelés pour les saluts par Benjamin Millepied qui les applaudit bien fort.