Une vie de Mozart

COMPTE-RENDU : L’Orchestre National du Capitole de Toulouse donne un concert marquant trois étapes de l’œuvre orchestrale de Mozart, dirigé par Roberto Gonzalez-Monjas qui prend également son violon le temps d’un concerto. 

Deux cent cinquante ans après, Mozart attire toujours autant sinon plus et c’est devant la Halle aux Grains de Toulouse comble que l’orchestre joue ce soir. Résumer le début, la maturité et la fin de Mozart en trois œuvres, voilà le défi que s’est donné l’Orchestre national du Capitole avec son concert « Mozart de A à Z ». En plus de synthétiser l’évolution du génie du compositeur, le programme permet de constater celle qui s’est opérée dans les formes symphoniques sur plus de vingt-quatre années de période Classique. Le concert remonte même à la Première Symphonie de Mozart, composée à seulement huit ans, pour arriver à sa dernière « Jupiter » en passant par son Troisième Concerto pour violon. De quoi entendre, mais aussi voir, au fil du programme donné dans l’ordre chronologique, l’orchestre s’étoffer en même temps que la portée musicale des partitions. 

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Mozart Enfant

À l’âge où notre génération s’échangeait des cartes Pokémon dans les cours de récréation (ou se lançait de la purée à la cantine), Mozart composait lui déjà sa première symphonie. La structure est encore en trois mouvements (vif-lent-vif) mais elle marque déjà la vitalité et l’allant qui animeront l’œuvre du compositeur. Cela étant, cette Symphonie n°1 ne se situe pas parmi celles que la postérité retient le plus, et il en sera de même pour son interprétation du jour par l’Orchestre du Capitole. Malgré l’engagement corporel du chef, un flottement général et une certaine dispersion des pupitres (peu commune des musiciens toulousains) nuit à sa dynamique. Seul le second mouvement parvient à installer une ambiance entre douceur et obscurité par la subtilité des motifs de cordes et un fond de cuivres et violoncelles bien dosés. 

Mozart vers la maturité

Fort heureusement, l’orchestre reprend du poil de la bête pour honorer à sa juste valeur Mozart devenu à peine adulte qui compose en quelques mois ses concertos pour violons dont le troisième interprété ce soir. Il s’agit du moment le plus fort et le plus réussi de la soirée (peut-être le mieux répété…), alliant dans l’interprétation la poésie à la pureté. Le mouvement de l’orchestre devient sûr, précis et uni, lancé dès la netteté de l’attaque initiale. Il met en avant les différents pupitres (comme le duo de hautbois sur les cordes au premier mouvement) et bien sûr le violon soliste joué par Roberto Gonzalez-Monjas lui-même. Celui-ci joue tantôt face public tantôt face à l’orchestre qu’il dirige. Son jeu est élégant mais affirmé avec un appui impeccablement situé dans la juste nuance. Il n’hésite pas à exploiter les faibles volumes pour y développer une sensible virtuosité. Le public apprécie la pureté des notes émises, quasiment exemptes de sons parasites. Il installe de fructueux dialogues avec l’orchestre, tantôt roucoulants tantôt animés (par les accords francs et nets des cordes dans les questions-réponses du premier mouvement par exemple). C’est aussi l’occasion pour l’orchestre de montrer ses qualités d’accompagnement, ennuageant très subtilement le soliste dans un fond réchauffant, ponctué par le pizzicato des violoncelles et contrebasses au second mouvement notamment. Aucun rappel de violon ne sera donné après les applaudissements (peut-être une marque d’humilité pour les musiciens qu’il dirige).

Mozart : le testament symphonique

Se retrouvent dans la symphonie « Jupiter » la plupart des qualités de l’interprétation du Concerto. L’orchestre est totalement en phase avec son chef, toujours aussi engagé et se déplaçant même aux quatre coins de son estrade. Les musiciens jouent cette 41ème Symphonie (à qui la convention a fait gagner un mouvement depuis la première) avec cohésion et précision et sont même un peu trop fixés sur l’exactitude du son. L’exécution bien que globalement de très bonne tenue paraît ainsi quelquefois artificielle. Les contrastes de volumes et les silences donnent du relief à la symphonie mais se retrouvent souvent exagérés, limitant le développement des lignes musicales, en particulier au troisième mouvement. Le quatrième mouvement manque également de rondeur et paraît surdirigé, laissant peu de place à l’expressivité. Des arrêts forcés succèdent ainsi parfois à des accélérations paraissant précipitées. Ce qui souligne la qualité de la coordination nuit relativement à la cohérence d’ensemble de la symphonie qui peine quelque peu à se dégager. Elle se finit tout de même sur un tutti finement réglé mettant en valeur chaque pupitre jusqu’au magistral finale.

Derniers mots-arts

Le public particulièrement enthousiaste applaudit le chef violoniste et les musiciens à la fin du concert (ces derniers refusant même un instant de se lever à son premier retour, pour le laisser profiter de l’engouement du public). Les bravos ne cesseront que lorsque Roberto Gonzalez-Monjas partira pour la dernière fois en mimant le sommeil. 

… et si lui ou vous avez du mal à rejoindre Morphée, il existe sur internet des vidéos proposant plus de 10 heures de musique Mozartienne en version relaxante (ça commence même par l’Enfer promis à Don Giovanni, ici devenu Berceuse !)

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