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Benjamin Grosvenor, poète du piano

INTERVIEW – À l’occasion de son récital au Théâtre des Champs-Élysées (Paris), dimanche 17 mars, le pianiste britannique Benjamin Grosvenor s’est prêté au jeu des « Trois questions à ». Il nous a répondu avec simplicité et sincérité, nous en disant un peu plus sur son rapport au piano et au répertoire romantique.

Âgé de 31 ans, le Britannique Benjamin Grosvenor s’installe comme une valeur sûre au sein de la grande famille du piano. Son dernier disque, paru chez Decca et consacré à Schumann et Brahms, a reçu d’excellents retours. Pourtant, Grosvenor n’a pas la grosse tête. Discrètement assis au fond du Café de la Musique à Paris, c’est d’une voix posée et tranquille qu’il a répondu à nos questions, aussi discret dans son attitude qu’intensément présent dans ses propos.

Quel rapport entretenez-vous avec la musique ?

« La musique est mon principal moyen d’expression, et plus précisément le piano. Né dans une famille de musiciens, j’ai posé les doigts sur le clavier dès ma plus tendre enfance. Il me semble même avoir joué du piano avant de savoir parler. Ensuite, mon grand-père, en me faisant découvrir la musique de Chopin, a créé un appel, un besoin intérieur de tendre sans relâche vers la transmission de tous les mystères et toutes les beautés de cette musique. Ma mère m’a également mis au défi en me disant, quand j’avais sept ans : « tu veux jouer Chopin, alors vas-y, voici ses Préludes, tu n’as qu’à les travailler ». Et c’est ce que j’ai fait ! En fait, toute mon enfance, j’étais impatient de pouvoir monter sur scène et me produire en concert. C’est peut-être pour ça que j’ai gagné, à onze ans, le Concours de la BBC pour les jeunes musiciens. Je crois que j’était vraiment inconscient du danger ! »

Maurice RAVEL, Concerto pour piano en Sol Majeur – Benjamin Grosvenor (piano) – BBC Scottish Symphony Orchestra, Ilan Volkov (direction)
Comment expliquez-vous votre proximité, votre complicité, même, avec les compositeurs romantiques ?

« Vous savez, je me sens appelé à jouer ce répertoire. Les compositeurs romantiques (Chopin, Schumann, Brahms, Liszt…) ont installé le grand piano, qui utilise toutes les capacités techniques et harmoniques de cet instrument unique (et finalement assez récent dans l’histoire de la musique). Je crois que tout part de Chopin. Comme je vous l’ai dit, j’étais un peu obsédé, enfant, par le fait de travailler sa musique, de la comprendre et de la faire circuler. À présent que j’y parviens, je continue à y revenir sans cesse ; c’est vraiment mon pôle, mon positionnement intérieur. Ensuite, j’étends le geste, et je vais par exemple vers Schumann, dont la musique est plus exploratoire, moins accessible que celle de Chopin. Si Chopin a le talent de la mélodie, Schumann sait traduire ce qui circule en nous, nos turbulences émotionnelles. Il faut alors trouver la construction intérieure du morceau pour trouver la manière juste de l’interpréter. »

Robert SCHUMANN, Kreisleriana, Op. 16 – II. Sehr innig und nicht zu rasch – Benjamin Grosvenor (piano)
Que pouvez-vous nous dire du programme de votre concert du 17 mars au Théâtre des Champs-Élysées, à Paris ?

« Déjà, je veux dire que je suis très content d’y retourner et de devenir un habitué des concerts du dimanche matin de Jeanine Roze ! Ensuite, avec ce programme, j’avais envie de montrer un chemin pianistique, depuis Chopin, qui a posé les éléments du récital pianistique, jusqu’à Prokofiev, qui les a emmenés vers demain, en passant par Liszt, qui a sublimé le premier et préparé le second. La Première Ballade de Chopin nous raconte une histoire, mais pas n’importe laquelle, celle des âges. Elle pose le décor et permet d’installer l’atmosphère. Ensuite la Deuxième Sonate vient. C’est une œuvre vraiment sombre, mais pas forcément mortifère. Mon but est de parvenir à rendre le tragique mais aussi l’élan de vie. Encore une fois, Chopin, c’est l’essentiel en musique. Pour la Berceuse de Liszt, je joue la deuxième version, celle de 1862. L’esprit de Chopin flotte dans cette musique. La délicatesse est similaire, même si la dynamique intérieure est plus agitée. Là aussi c’est un voyage, comme une introspection à laquelle il aurait ajouté une autre voix, plus tourmentée.

Franz LISZT, Berceuse – Benjamin Grosvenor (piano)

Enfin, la Septième Sonate de Prokofiev est une pièce violente, incroyable de difficulté technique. Elle demande une énergie hors du commun, proche de la transcendance ; à croire qu’il a voulu rendre hommage à Liszt ! Le premier mouvement de cette sonate est très intense. Il demande de savoir garder un niveau de tension permanent, tout en trouvant la bonne palette de couleurs. Le deuxième mouvement est plus comme un chant, teinté de couleurs jazz. Quant au troisième, si vous me permettez l’expression, il est rock’n’roll ; il faut prendre une grande respiration, avoir gardé assez de forces pour en arriver là, et plonger ! Mais j’ai confiance. J’aime cette salle, son acoustique et son ambiance. Je sais que le piano sera bien réglé et que l’ensemble de ces éléments me portera. »

Vous pouvez réserver vos places à ce lien

Demandez le programme
  • Frédéric CHOPIN – Ballade n°1 op. 23
  • Frédéric CHOPIN – Sonate n°2 op. 35, Marche funèbre
  • Franz LISZT – Berceuse S. 174
  • Sergueï PROKOFIEV – Sonate n° 7 op. 83

Image de Une : Benjamin Grosvenor © Andrej Grilc

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