AccueilSpectaclesComptes-rendus de spectacles - DanseBal tragique à Strasbourg : 2 morts

Bal tragique à Strasbourg : 2 morts

DANSE – Le ballet de l’Opéra National du Rhin s’est lancé depuis juillet dans un folle aventure : la création d’On achève bien les chevaux, adaptation signée Bruno Bouché, Clément Hervieu-Léger et Daniel San Pedro du roman d’Horace McCoy. Le résultat de mois de travail était présenté ce printemps, à Mulhouse et Strasbourg. Un événement pour le monde chorégraphique, qui dénonce rarement aussi frontalement les abus de notre monde. De la danse engagée, du théâtre dansé, bref : un sacré spectacle…

Il était peu après 21h, ce 3 avril 2024, quand les autorités nous ont fait part d’une triste nouvelle. La mode des marathons de danse a fait de nouvelles victimes parmi ces pauvres jeunes gens à qui la crise de l’emploi fait prendre des risques inconsidérés, dans le mince espoir de décrocher la prime aux gagnants de ces concours d’un autre âge, qui pourtant rencontrent un franc succès auprès du public aisé. Dans un gymnase New-yorkais, une quarantaine d’entre eux tentent de résister à la fatigue, devant cette contrainte insurmontable qui veut qu’ils dansent sans s’arrêter, jusqu’à ce que le dernier couple ne rende un dernier souffle d’épuisement, accordant la victoire aux vainqueurs, encore debout. 

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Danse sans conscience

C’est autour de la 1001ème heure que le candidat n°23 (oui, parce qu’ils sont numérotés, comme si ça ne suffisait pas..) s’effondre au sol. Tout le monde croit au malaise, mais les spectateurs ne sont pas dupes. Il sera la première victime du drame, emportée au loin, comme un grain de poussière sous un tapis, sous les cris éplorés de sa compagne, à qui on administre un puissant tranquillisant pour qu’elle ne ternisse pas la fête de ses cris de douleur.

© Agathe Poupeney

Plus tard, alors que l’intervention de la puissante Ligue des Mères pour le Rétablissement de la Morale Publique interrompait définitivement ce spectacle outrageant, une deuxième victime était à déplorer. Suicide assisté dira-t-on… Toujours est-il que le revolver utilisé par l’impitoyable maître du jeu pour donner le départ des courses imposées a été retrouvé dans les mains du partenaire de la jeune femme, morte d’une balle dans la tête. Le rideau étant tombé sur ce mystérieux entrefait, et nous ne pouvons dire où en est l’enquête à l’heure où nous écrivons.

Danse en abîme

Passée la tragédie de cette humanité prête à tout pour une place au soleil, ou un quignon de pain, il faut dire une chose à propos de ce spectacle étonnant : la danse est bien au cœur du propos. Accompagnés par un petit orchestre de bal (basse, batterie, guitare, piano et trompette) qui reprend les tubes de Stevie Wonder, Ray Charles, Daft Punk ou George Michael, la troupe exécute des pas de danse de salon teintés d’une technique classique bien visible. Les portés virtuoses propres au genre émergent par petites touches de la masse humaine, quand ils ne sont pas mis en avant par une chorégraphie dont on dirait presque qu’elle a été réglée à l’avance… Sortant de leur mutisme, les jeunes danseurs s’expriment à voix haute, dans ce qui ressemble à un hommage au Dans Theater de la regrettée Pina Bausch. Danser, jouer, apprendre leurs répliques : ce qu’on demande à ces jeunes gens est d’une extrême difficulté. Vaillants, ils relèvent le défi et sortent épuisés de l’exercice, sous les vivats de la foule qui assisté dans la peau du public de cet événement raconté sur scène, mais ne se gêne pas pour les acclamer. 

© Agathe Poupeney
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