Crystal Pite surfe sur la vague

DANSE – C’est la troisième fois que le Ballet National de Norvège revient au Théâtre des Champs-Élysées dans le cadre de la saison TranscenDanses pour présenter la nouvelle création de Crystal Pite, Light of passage : un triptyque qui explore les grands passages de la vie. Co-produit avec le Royal Ballet de Londres, cette création pour 36 danseurs a connu un énorme succès public et critique dès sa sortie. Une chorégraphie organique et hypnotique avec des mouvements de vagues humaines à couper le souffle dans la lignée de « The Seasons’ Canon », une des pièces phares de la chorégraphe. 

Son nom même permet de déplacer les foules parisiennes. Qualifiée de « génie de la danse » du 21e siècle par le Guardian, Chrystal Pite n’hésite pas à se confronter aux problèmes actuels comme les crises migratoires européennes ou à explorer des thèmes universels comme l’amour, la naissance, le couple et le deuil. Sa force est de créer des mouvements de grande chaîne humaine bougeant comme des vagues emportant les spectateurs dans un flot d’émotions. Accompagné à la scénographie par Jay Gower Taylor avec des décors et des costumes minimalistes, les pièces de Pite ont pourtant un univers saisissant bien à eux, accentué par un jeu de lumières. Aujourd’hui elle revient avec un triptyque, qui s’ouvre avec un sujet d’actualité fort et qui finit avec une lueur d’espoir. De la pénombre à la lumière, il n’y a qu’un pas… 

Flight Pattern : quand la danse prend la mer

La première chose qui frappe dans Flight Pattern, c’est le nombre de danseurs sur scène. Au nombre de 36, vêtus de gris rappelant les vêtements de camps de travail sans aucune distinction entre hommes et femmes, ils forment une masse humaine conséquente sur la scène du Théâtre des Champs-Élysées. Comme dans « The Seasons’ Canon », immense succès de 2016 créé pour le ballet de l’Opéra de Paris, les danseurs ne forment plus qu’un. Sur la Symphonie n°3 de Henryk Gorecki, les mouvements sont synchronisés et millimétrés . Ils symbolisent l’envol des oiseaux migrateurs mais surtout la solidarité et l’entraide nécessaire entre ces hommes déracinés pour ramer sur une mer hostile. Les corps se tordent, se touchent, s’allongent et se séparent : image d’angoisse de ne trouver aucune terre d’accueil. Certains individus déterminés s’éloignent du groupe comme si l’instinct de survie était plus fort que le sens du collectif. Et puis, il y a surtout cette scène poignante où une femme berce son bébé symbolisé par des draps avant de le donner à une autre comme si elle ne se sentait pas capable de l’élever dans ces conditions. Les danseurs viennent ensuite déposer un par un leurs manteaux dans les bras de cette femme comme autant de bébés morts en mer. A travers la danse, Crystal Pite nous pousse à réfléchir sur les conditions des réfugiés et la manière dont nous les accueillons. 

Covenant  : vague souvenir…

Dans la seconde partie, Covenant, Chrystal Pite aborde le thème de l’enfance et comment notre enfance nous construit pour devenir les adultes que nous sommes. Elle fait le lien entre la première partie morose qui parle de la survie des migrants dans un monde hostile et la dernière partie qui célèbre la vie et la mort. Une petite fille vêtue de blanc comme un petit ange court sur place, suivie d’une vague de plusieurs danseurs vêtus de noirs qui se mouvent de la même manière que dans la première partie. Puis cinq autres enfants apparaissent, tous vêtus de blanc. Ils sont les guides d’adultes qui les portent. Un moment d’accalmie époustouflant avant de célébrer l’ensemble des étapes d’une vie.

À lire également : Assembly hall : les chevaliers de la table grondent

Passage : l’océan de la vie

Finalement pour la dernière partie, les enfants sont devenus grands, pour ne pas dire vieux. Avec une luminosité contrastant fortement avec l’obscurité du début, Chrystal Pite explore les étapes essentielles d’une vie. Les mouvements du couple central soulignent la beauté de l’âge avec des mouvement parfois hésitants mais toujours grâcieux et bouleversants. Ils sont comme de vieux sages qui transmettant la joie à l’ensemble des danseurs qui les suivent.  « La vie vaut la peine d’être vécue », clame fortement cette dernière création bouleversante. 

Ce triptyque époustouflant souligne une fois de plus le génie de Chrystal Pite, qui reste l’une des chorégraphes féminines à suivre absolument. 

- Espace publicitaire -
Sur le même thème

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

- Espace publicitaire -

Vidêos Classykêo

Articles sponsorisés

Nos coups de cœurs

- Espace publicitaire -

Derniers articles

Newsletter

Twitter

[custom-twitter-feeds]