DANSE – Une aura magique envahit la grande salle Pierre Boulez ce 12 avril, alors que Blanca Li, avec sa compagnie de danse, et sous l’influence du récit envoûtant d’Abd Al Malik et des Dissonances de David Grimal emportent la salle dans un état d’envoûtement complet. Frénésie, exaltation, épuisement : tout s’enchante grâce à la puissance d’une formule magique, Le Sacre du Printemps, désacralisé.
Le Violon Solitaire : Illusionnisme
Le spectacle commence avec un violon solitaire au centre de la scène, interprétant Melodia de Bartók, accompagné par des jeux de lumières signés Pascal Laajili et Carco pour la création d’images : des motifs floraux qui transforment la salle en un jardin féérique, captivant chaque spectateur jusqu’au dernier rang.
Abd al Malik : Envoûtement
Mais le vrai choc inaugural de ce spectacle n’est pas tant dans l’ambiance que ce premier moment installe, mais bien dans l’arrivée sur scène d’un personnage inattendu pour le public classique : et oui, c’est bien le poétique Abd al Malik qui prend les rênes de la performance ce soir, avec son récit envoutant, son ode au Sacre du Printemps. Le slameur star n’est pas seul, mais accompagné son frère Bilal à l’arrière, aux platines, chargé des machines et de la création sonore. Suspendu au micro d’Abd al Malik, le public n’entend pas au début les vents de l’orchestre entrer du fond de la salle, jouant de la musique traditionnelle russe. Dans ce tissage de mots et de musique des danseurs apparaissent partout dans la salle. Au sol, des réflecteurs renvoient au plafond des projections de leurs mouvements. La forme sacrée du concert, son rite immuable est là encore remis en question par une vision ensorcelante.
Les Dissonances : sorciers sans baguette
Le point culminant de l’enchantement survient avec l’arrivée de l’orchestre Les Dissonances, accompagné uniquement des danseurs sur scène pour une performance spectaculaire en une file visuelle saisissante. La soirée est d’autant plus marquée par les coups du sort, qu’il s’agit de la dernière grande production de ces Dissonances, de ses musiciens-magiciens sans baguette (ils ne sont pas dirigés en concert par un chef), dont l’orchestre se dissout cette année, à l’occasion de son vingtième anniversaire…
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Blanca Li : hypnose
Une chorégraphie fascinante accompagnera toute l’œuvre de Stravinsky. Un exploit technique exigeant, traversé de solos, d’inventions autour de la respiration et du bruit des pas sur la scène : la chorégraphie conçue par Blanca Li raconte ainsi l’agressivité, l’ordre dans le désordre, la tension, la sensualité, le mysticisme, le mystère et la fluidité de la mécanique. À ce niveau-là, c’est presque de l’hypnose…
Preuve qu’on peut renouveler sans briser, et maintenir un lien fort avec le public : la fin de la performance est saluée par des applaudissements incessants de la part des spectateurs, qui se lèvent immédiatement à la fin de ce qu’ils viennent de voir. Ils sont… enchantés, tout simplement.