COMPTE-RENDU – Les deux matinées du Festival de printemps des Arts Florissants sont consacrées à des « Concerts & café », le premier autour du luth avec Elizabeth Kenny, le second autour du cornet à bouquin avec Adrien Mabire, accompagné au clavecin par Jean-Luc Ho.
Les Arts Florissants paient les croissants !
Après un petit concert consacré à un instrument de la musique ancienne, le public est invité à rejoindre un buffet où l’attendent café et brioche (la fameuse gâche vendéenne) pour mieux échanger avec les artistes. On attrape pas les mouches avec du vinaigre… Ces derniers en profitent pour présenter leur instrument – ses origines, son importance dans l’histoire de la musique – et répondre aux questions du public (comment devient-on joueur de cornet à bouquin ?). L’occasion d’en apprendre plus sur les différences infimes entre le luth et le théorbe (ce n’est d’ailleurs pas un luth avec lequel elle a joué ce matin, mais un chitarrone, révèle Elizabeth Kenny au public) ou les formes variées de cornet à bouquin. Ainsi Adrien Maubire explique-t-il qu’entre un cornet courbé et un cornet droit, il n’y a aucune différence de son ; ce qui compte, pendant la Renaissance, c’est la symbolique et ainsi, tout ce qui va être lié aux Enfers va être joué avec le premier (la forme rappelant le diable cornu). Cet échange est coordonné par Paul Agnew, codirecteur musical des Arts Florissants, qui pose les premières questions à la manière d’une interview.
Un cornet, un bouquin : petit déj au luth !
Mais avant le café, le concert ! Dans l’église de Saint-Juire-Champgillon baignée dans la lumière matinale se produisent les artistes. Au chitarrone, Elizabeth Kenny présente des pièces de Piccini et Kapsberger, pinçant et peignant la musique avec son instrument, pleine de précision, tout en gardant une part de légèreté. D’autant plus que, explique-t-elle, ces airs pour luth sont vraiment des mises en scène de la pensée des compositeurs, parfois vagabonde. Elle invite d’ailleurs le public à bien mesurer la différence entre les deux, le second ayant des pensées plus « entremêlées », remarque-t-elle.
De son côté, Adrien Maubire interprète divers airs de Monteverdi, dont un passage des Vêpres à la Vierge entendues la veille ; mais d’autres compositeurs de la même époque interviennent également, comme Giovanni de Macque, Giovanni Gabrieli ou encore Giovanni Battista Bovicelli… Le cornet à bouquin imite parfaitement la voix humaine, explique Adrien Maubire, d’où certains airs chantés qu’il reprend avec ses deux instruments, le droit et le courbé. Là aussi, on note le travail d’application et de justesse portée à chaque note. Il est accompagné au clavecin par Jean-Luc Ho, qui présente un jeu à la fois vif, coloré et nuancé.
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Les concerts s’achèvent par des applaudissements très chaleureux, avant que sonne l’heure du petit-déjeuner !