CONCERT – L’Orchestre National du Capitole de Toulouse dirigé par Pascal Rophé donne à la Halle aux Grains un concert largement consacré aux animaux volants. La clarinettiste Floriane Tardy, soliste de l’orchestre est mise en avant pour la première Rhapsodie pour clarinette et orchestre de Debussy.
L’orchestre dans les airs
Changement de programme et de soliste, Martin Fröst annoncé souffrant, le concerto de Michael Jarrell qu’il devait créer avec l’orchestre est repoussé à une saison ultérieure. C’est l’occasion d’ajouter en remplacement un autre volatile au programme : la suite l’Oiseau de feu de Stravinski. Le clarinettiste invité est remplacé pour la Rhapsodie de Debussy par Floriane Tardy. Le programme se concentre sur les frémissements du XXème siècle à ses débuts. Le bestiaire volant y occupe une large place. Dès le Scherzo fantastique et ses bourdonnements d’insectes manifestés par les cordes, leurs prédateurs oiseaux surgissent et les interrompent par leurs brefs chants de bois. La Rhapsodie de Debussy progresse comme l’éveil de la nature, amorcée par la finesse des violons. Le jeu de Floriane Tardy s’y développe avec sensibilité. Les motifs de clarinettes sont efficacement rythmés et contribuent à la dynamique du morceau. La soliste s’insère dans l’écrin scintillant des motifs de harpes qui annonce les couleurs magiques de l’oiseau de feu. La direction claire de Pascal Rophé porte une attention minutieuse aux multiples et souvent subtils détails des partitions présentées mais néglige quelque peu le liant et la cohérence d’ensemble de chaque œuvre. Cela se retrouve entre autres dans la gestion des silences parfois un peu trop appuyés.
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De l’oiseau aux balais volants : le public au pays des merveilles
L’orchestre donne de la profondeur à la suite l’Oiseau de Feu de Stravinsky, par le travail des graves et l’appui ténu mais présent de la grosse caisse. Les couleurs merveilleuses de l’Oiseau de Feu ressortent malgré des attaques timides sur les premières parties du morceau. Il finit tout de même par s’enflammer sur les fortissimos à l’issus des passages d’intensifications vers la fin de la partition, amenant les auditeurs sur ses ailes vers son monde magique. Avant de revenir à la magie, passage par l’orient avec le Rossignol. L’orchestre y exploite touche par touche l’ensemble de la palette mise à disposition par Stravinsky. Les motifs et les instruments se succèdent tour à tour avec les contrastes et les tensions qui rendent cette partition imprévisible. Pour finir le concert en beauté, quoi de mieux que l’Apprenti Sorcier, best-seller de Paul Dukas, popularisé par l’interprétation de Léopold Stokowski dans Fantasia ? Pascal Rophé le dirige malicieusement et emporte avec lui le public, par les fluctuations et les nuances de l’orchestre dans les tourments de ce pauvre apprenti sorcier.
Demandez le programme !
- C. Debussy – Rhapsodie, pour clarinette et orchestre
- I. Stravinsky – l’Oiseau de Feu, suite pour Orchestre
- P. Dukas – L’Apprenti Sorcier