CONCERT – L’Orchestre National Avignon-Provence déploie un concert symphonique intitulé « Enchantement » à l’Opéra Grand Avignon, sous la baguette de sa directrice Debora Waldman, accompagné par la violoniste Geneviève Laurenceau.
Trois siècles d’enchantement
Suivant le thème de la saison opératique, l’Orchestre National Avignon-Provence termine sa saison 2023-2024 avec un concert plein de magie et d’enchantement, invitant ainsi Mozart, Schumann et Guirne Creith, compositrice britannique peu connue (Débora Waldmann s’étant donné pour mission de sortir de l’oubli le nom de certaines compositrices, femmes). Ainsi, dans la première partie du concert, nous passons du caractère fantastique et charmeur de l’ouverture de la Flûte enchantée (1791) au Concerto en sol mineur pour violon et orchestre (1936) de Guirne Creith, débordant d’émotions et de douceur. La deuxième partie du concert est consacrée à la Symphonie n° 4 de Robert Schumann (1841) joyeuse et majestueuse. Trois siècles de musique réunis pour le plaisir du public avignonnais !
Sous le charme
Redécouvert dans les années soixante, le Concerto pour violon et orchestre de Guirne Creith, de son vrai nom Gladys Mary Cohen, est joué pour la première fois en France, grâce à l’enthousiasme et aux démarches de la violoniste invitée pour ce concert. Totalement sous son charme après sa découverte, elle est même allée jusqu’à entrer en contact avec les descendants de la compositrice pour trouver la partition, avant de le proposer à la directrice de l’Orchestre d’Avignon. C’est dire si elle est enchantée par sa musique !
Incantations du violon
Jouant le concerto proposé par elle-même, Geneviève Laurenceau se montre très enthousiaste et généreuse, misant tout sur son interprétation et sur l’intensité et la puissance de son jeu. Très investie, elle réussit à transmettre au public son émotion et sa passion, tant pour son instrument que pour cette musique. Même si elle se montre très à fond dans son interprétation, elle ne perd jamais de vue la cheffe, lui permettant d’être effectivement soutenue par l’Orchestre. Elle est longuement applaudie à la fin de sa prestation, et propose un bis au public, avec le « Kaprys polski » (1949) de la violoniste et compositrice polonaise Grażyna Bacewicz.
Ivresse collective
Sous la direction de Débora Waldman, l’Orchestre National Avignon-Provence propose un concert empli d’émotion et de charme, allant d’une présence délicate et solennelle à un caractère beaucoup plus imposant, restant bien ensemble dans Mozart et faisant preuve d’un jeu plein de contrastes et de reliefs dans Schumann. Avec des changements d’intention clairs, l’orchestre réveille mille et une fois l’intérêt du public, avec des passages pleins de délicatesse et poésie et d’autres où une masse sonore écrasante semble sauter du plateau et envahir la salle, vague après vague. Schumann, n’ayez crainte !
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La phalange soutient également la soliste pendant le Concerto, suivant les indications de la cheffe, faisant preuve d’une connexion rare avec celle-ci pour ce concert. Débora Waldman se montre déterminée et se laisse emporter par la musique, avec des gestes fermes et des mouvements un peu joueurs par moments. Malgré quelques gestes pas très nets, qui provoquent quelques petits décalages et imprécisions, la qualité générale de la prestation de l’Orchestre ne se voit en rien amoindrie. Le public n’a aucune intention de cacher son enthousiasme. Avec de longs applaudissements enflammés, l’audience semble demander un bis, mais n’en ayant aucun de prévu, le concert se termine avec quelques mots de remerciement de la cheffe.