CONCERT – La pianiste Alexandra Dovgan propose salle Pasteur du Corum de Montpellier dans le cadre du 39ème Festival Radio France Occitanie un programme marqué du sceau de la jeunesse et de l’audace.
Considérée comme une pianiste prodige, lauréate de nombreux prix prestigieux, Alexandra Dovgan du haut de ses 17 ans propose un sacré récital, des rives de Beethoven aux Variations Corelli de Rachmaninov. La jeune fille entre en scène d’un pas décidé, frêle et fragile silhouette pourtant revêtue d’une élégante robe longue couleur prune, pour s’attaquer sans plus attendre à l’un des dernières sonates de Ludwig Van Beethoven.
Un printemps un peu vert
Complexe à plus d’un titre, cette sonate en trois mouvements très différents d’empreinte et de relief demande une maturité qui fait encore partiellement défaut à Alexandra Dovgan. Elle bouscule un peu les thèmes, force certaines attaques, comme pour prouver qu’elle maîtrise déjà son sujet. Comme pour les autres morceaux interprétés au cours de cette soirée, elle joue le programme entièrement de tête, enchainant les mouvements sans aucune pause, sinon quelquefois une très rapide césure.
L’automne d’un homme de 58 ans…
Robert Schumann semble bien mieux lui convenir. Elle pose tout de suite l’atmosphère, et peut déployer toute la virtuosité de son jeu, notamment dans le premier mouvement (Aussi vite que possible) et le dernier (Rondo/presto) où la technique est éblouissante. Cet aspect des choses s’impose d’emblée dans les Variations sur un thème de Corelli opus.42 de Rachmaninov. En 20 numéros, c’est la seule œuvre réellement française du compositeur alors en villégiature au cœur de la forêt de Rambouillet et publiée en 1931 (ce sera sa dernière œuvre pour piano solo). Rachmaninov s’est inspiré d’un thème orignal baroque de Corelli pour écrire une œuvre qui se rattache au post-romantisme avec ses variations élégantes et ses parties mesurées.
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…par une jeune fille de 17 printemps !
Pour autant, les difficultés d’interprétations abondent, reflets de cette mélancolie persistance qui allaient marquer la dernière partie de la vie du compositeur. Alexandra Dovgan livre une prestation accomplie, toute en fidélité idéalisée, alliant sa technicité hors pair à la juste l’exploration des sentiments. Le premier mouvement, qui expose largement le thème retenu par le compositeur s’impose avec délicatesse et force sous les doigts de la pianiste. Alexandra Dovgan a choisi de terminer son programme avec Alexandre Scriabine et sa sonate n°2 en sol dièse mineur opus 119, dite Sonate-Fantaisie. Les deux brefs mouvements enchainés reflètent pour certains le ressac de la mer et le déchainement de la tempête.
Les eaux de Mars
L’interprète y excelle traduisant avec panache et une sorte de frénésie à fleur de peau, son caractère impressionniste et maritime, avec ses alternances de crescendos et de decrescendos. Alexandra Dovgan a entrepris une carrière internationale qui augure de la fascination qu’elle exerce déjà à son jeune âge. Avec la maturité et l’accomplissement de la vie, il parait certain que son jeu s’approfondira encore un peu plus. Elle est déjà une très belle artiste, qui a conquis le public du Corum, du haut de ses 17 printemps !
Demandez le programme !
- L.V. Beethoven – Sonate n° 31 en la bémol majeur opus 110
- R. Schumann – Sonate no 2 en sol mineur opus 22
- S. Rachmaninov – Variations sur un thème de Corelli opus 42
- A. Scriabine – Sonate n° 2 en sol dièse mineur opus 19
Merci pour vos critiques. Pourriez-vous indiquer qu’elle oeuvre a été jouée en bis à ce concert ? Merci d’avance.
Bonjour Marion, merci à vous ! Malheureusement, ni le festival ni Alexandra Dovgan ne nous ont communiqué le bis de ce concert, et notre ami José ne l’a pas retrouvé non plus dans sa mémoire d’éléphant…
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