DANSE – 110 artistes prennent leur envol sous la coupole du Panthéon pour un ballet aérien qui décoiffe : « Möbius Morphosis », revisité en version XXL par Rachid Ouramdane. Acrobates, danseurs et chanteurs s’élancent dans cette chorégraphie, inspirée du vol des oiseaux sublimé par la musique de Jean-Benoît Dunckel, membre du groupe Air. Une expérience multisensorielle inoubliable.
Défi Olympique
Projet grandiose imaginé par Rachid Ouramdane (le directeur de Chaillot), dans le cadre des Olympiades culturelle, « Möbius Morphosis » est un ensemble de manifestation artistiques qui accompagnent les JO. L’événement s’est emparé de trois lieux emblématiques. Après le Théâtre antique de Lyon, l’esplanade du Pâquier au bord du lac d’Annecy, le grand final avait lieu au Panthéon de Paris, chef-d’œuvre architectural de Soufflot. Il se jouera sur trois dates 16, 17 et 18 juillet et il sera capté pour une diffusion le 23 juillet sur France 4 et son portail Culturebox. Un défi artistique et humain relevé avec brio, tant par sa lieu exceptionnel que par le nombre d’artistes réunis sur scène : 110 issus de 30 nationalités différentes et trois grandes institutions : 35 acrobates du collectif XY, 25 danseurs du Ballet de l’Opéra de Lyon et 50 jeunes chanteurs de la Maîtrise de Radio France.
« Tout le monde peut danser »
Habillés de noir dans des vêtements différents et évoluant en nuées comme des étourneaux, ces artistes incarnent parfaitement les deux mots d’ordre fixés par Rachid Ouramdane à son arrivée à Chaillot : « diversité et hospitalité ». Les corps représentés sont tous différents. Les danseurs et acrobates créent une onde visuelle saisissante dans laquelle des enfants chanteurs viennent se perdre. « Tout le monde peut danser » comme l’affirme le chorégraphe. Un esprit généreux et collectif qui l’emporte souvent sur l’individualité : on ne distingue plus les danseurs des acrobates, et parfois des chanteurs. Leurs corps se soutiennent, se lient, se frôlent à peine dans une grande délicatesse qui exprime une profonde fraternité et un partage évidents. Ces « gestes de soutien, de solidarité, d’attention les uns envers les autres », souligné par Rachid Ouramdane sont le prérequis pour la réussite de ce spectacle grandiose.
Puissants ensemble
« Möbius Morphosis » nous transporte dans un univers suspendu où la danse, l’acrobatie, le chant et la musique fusionnent pour créer une expérience artistique totale. Les tableaux, d’une virtuosité technique impressionnante, célèbrent le corps humain dans toute sa splendeur et sa puissance.
Les acrobates effectuent des prouesses qui défient les lois de la gravité, créent des pyramides humaines vertigineuses, effectuent des portés et des sauts spectaculaires. Un moment particulièrement marquant est celui où une jeune acrobate se jette sur les épaules de trois de ses camarades empilés, avant de lâcher prise tout en haut de la pyramide pour être rattrapée par une dizaine d’autres. La chute, douce et parfaitement maîtrisée pour éviter toute blessure, témoigne de la confiance absolue qui règne entre les artistes. On écarquille les yeux et on frissonne d’angoisse : on sait pas si on l’aurait tentée celle-là…
Puis la danse est sublimée par de magnifiques duos aériens gracieux, empreints d’une grande sensualité où les femmes s’envolent, portées par leurs partenaires, évoquant par moment le célèbre morceau d’anthologie de Prejlocaj, Le baiser volant. Chaque mouvement est fluide, précis, comme si les corps mêmes étaient faits de plumes. Aucun geste violent, même quand les danseurs se jettent vers le sol comme des oiseaux qui tomberaient du ciel. La puissance et la douceur s’entremêlent dans une atmosphère unique et inoubliable.
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Rachid Ouramdane a alors réussi son pari : créer un spectacle « extrêmement puissant et extrêmement doux » à la fois. Une célébration de l’art, de la diversité et de la fraternité qui nous percute de plein fouet, voir nous décoiffe littéralement. La proximité avec la scène est telle que l’on ressent l’air sur notre visage comme si une nuée d’oiseaux volaient à nos côtés.
C’est beau et c’est à voir, absolument.