Alexandra Dovgan électrise la Roque !

CONCERT – Le courant passe bien entre Alexandra Dovgan et le Verbier Festival Chamber Orchestra dirigé par Gábor Takács-Nagy, qui font honneur au concerto de Grieg. La jeune virtuose Russe a déjà tout d’une très grande ! 

Il y a de l’électricité dans l’air sur la scène de La Roque, ce soir, avec la fougueuse Alexandra Dovgan au piano et le tout aussi énergique Gábor Takács-Nagy à la direction du Verbier Festival Chamber Orchestra. Le programme est intense, avec le concerto de Grieg, encadré par la première symphonie de Haydn et la symphonie n°39 de Mozart. Une forme de concert empreinte d’un certain classicisme, donc, comme pour ancrer la carrière naissante de la toute jeune virtuose Russe (17 ans à peine) dans les traces de ses aînés, avec l’œuvre concertante placée entre deux symphonies emblématiques, l’une pionnière du genre, et l’autre comme parachèvement de l’œuvre d’un artiste alors au sommet de son art.

Pas d’économies d’énergie pour le VFCO et Gábor Takács-Nagy 

Comme c’est visiblement son habitude, le VFCO entonne, avant d’entrer sur scène, un cri de ralliement qui retentit comme une clameur diffuse, par dessus le chant des cigales, lors de l’entrée du public. Respectant les usages du XVIIIe siècle, les musiciens jouent debout, face à Gábor Takács-Nagy, leur directeur musical depuis 2007. Affichant une grande complicité avec son orchestre, le chef Hongrois déploie une gestique extrêmement énergique et toujours très expressive, donnant à sa performance des allures de pantomime, notamment sur les accents piqués qu’il invoque avec des gestes d’escrimeur cherchant à moucher son adversaire. Un engagement que chef comme orchestre maintiennent lors de la symphonie n°39 de Mozart, notamment dans le menuet, très Viennois, au cours duquel les musiciens initient de petits mouvements de valse, et dans le finale, enjoué, lieu de jolis dialogues entre la flûte, le basson et la clarinette. 

© Valentine Chauvin
Alexandra Dovgan : la fougue de la jeunesse, la maîtrise de l’expérience  

Mais le clou du spectacle est sans aucun doute la performance d’Alexandra Dovgan, qui illumine la scène de son talent, dans sa robe bleue (électrique !). Alliant puissance et maîtrise, elle déploie un jeu très épuré, dont la précision révèle en filigrane un travail minutieux du son, et un souci constant de distinguer les thèmes et les différents les plans sonores. Malgré son jeune âge, elle assume parfaitement son rôle de soliste, et mène la danse, comme lorsqu’elle tempère les ardeurs de l’orchestre lors du retour du thème principal du premier mouvement. Elle est aidée en cela par un Gábor Takács-Nagy très à l’écoute, avec lequel elle échange de fréquents regards complices. Devant l’ovation aussi prolongée que méritée du public, elle interprète en rappel la Gavotte n°1 de Brahms, toujours avec le même souci de distinction des plans sonores, puis la fameuse valse op. 64 n°2 en do dièse mineur de Chopin, à laquelle elle apporte un intérêt supplémentaire par ses propositions musicales variées, démontrant encore une fois qu’elle est déjà une musicienne accomplie.

À lire également : Alexandra Dovgan, au printemps de la vie
© Valentine Chauvin

Demandez le programme !

  • W.A. Mozart – Symphonie n°39 en mi bémol majeur K. 543
  • J. Haydn – Symphonie n°1 en ré majeur Hob.I :1
  • E. Grieg – Concerto pour piano et orchestre en la mineur opus 16 
  • En bis : J. Brahms Gavotte n°1 en sol mineur / F. Chopin – Valse en do dièse mineur, Op. 64 n°2 / W.A. Mozart – Symphonie No. 39 en mi bémol majeur, K. 543 : 4. Final. Allegro
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