DISQUE – Alexandre Tharaud et Louis Langrée embarquent l’Orchestre National de France dans un disque Ravel / de Falla : Concerto en Sol, Concerto pour la main gauche, Nuits dans les jardins d’Espagne. De quoi faire jouer aux deux musiciens une partie de cache-cache, à qui prendra la lumière.
Le piano aux commandes ?
C’est un disque supposé faire la part belle au pianiste Alexandre Tharaud. Avec comme super-star le grand pianiste, comme pourrait le suggérer la pochette, et les portraits affichés de la première à la dernière de couverture. On nous dit toujours qu’il faut se méfier des couvertures.. Alors écoutons sous le capot !
Le mixage du CD dès les premiers instants laisse même un léger avantage à l’orchestre, laissant soulever délicatement un voile en direction du piano à sa première grande intervention. La sonorité d’ensemble est claire sur le Concerto en Sol de Ravel, avec une captation ne laissant pas beaucoup d’espace à la réverbération de salle des situations de concert. Le moteur ronronne au premier abord !
Mécanique bien huilée
Le mixage semble choisir une teinte plus sombre pour le Concerto pour la main gauche de Ravel. Et soyons fous, peut-être même qu’on entendrait dans l’arrière-fond de nos pensées comme un hommage lointain de Ravel par la polyrythmie trompette / orchestre qui se complexifient… à Igor Stravinsky, et son Sacre du Printemps ? Manuel de Falla aura bien un traitement similaire avec Les Nuits dans les jardins d’Espagne. Néanmoins, le mixage brillant laisse légèrement derrière les timbales, au point qu’on aurait culpabilisé à l’idée de les oublier. Les ponctuations des cordes graves sont bien entendues : leur puissance et leur précision tournent presque à l’obsession. Peu de doute alors, la mécanique est bien huilée.
Ça ronronne
Cajolés ces auditeurs disons-nous ! La douceur du toucher du piano d’Alexandre Tharaud dans le deuxième mouvement du Concerto en sol de Maurice Ravel reste très « sage ». Disons que le choix se fonde sur la raison plus que sur la passion, surtout dans l’immense et longue mélodie du début de ce deuxième mouvement. Ce qui n’empêche pas d’entendre un Concerto pour la Main gauche plus vrombissant et virile.
Falla alors, s’en trouve être alors une synthèse technique, avec des harmonies d’orchestre absolument fascinantes et dignes de chefs d’oeuvres hollywoodiens au dernier mouvement, et un orchestre qui montre cohésion et volubilité au deuxième mouvement des ces « Jardins d’Espagne« .
Ne pas se fier à la couverture
Mis en avant sur la pochette, Alexandre Tharaud met pourtant en avant l’orchestre par son jeu musical. Ce que la pièce de Falla conclue. Mais attendez ! Le grand moment du pianiste est un peu avant, avec le Concerto pour la Main gauche. L’orchestre met naturellement en avant les entrées du pianiste et ça marche !
Le cerveau gauche prône l’équilibre absolu dans le choix de l’ordre des pièces. Et pourtant le cerveau droit dit que oui, le pianiste gagne à la fin, d’en entendre plus, quitte à remettre le disque au début. Pas de problème : on met son clignotant, et on repart pour un tour de rond-point !
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C’est pour qui ?
- C’est pour ceux et celles qui rêvent de vacances, et qui veulent une musique douce et bavarde pour les accompagner.
- Pour ceux qui connaissent déjà bien Ravel et De Falla, et qui ne s’en lassent décidément pas.
Pourquoi on aime ?
- Parce que l’interprétation du Concerto en Sol en particulier est à la fois familière, et éclaire subtilement les paysages sonores de l’oeuvre.
- Parce qu’on peut écouter et ré-écouter le disque sans percevoir de pesanteur et de sur-interprétation.