Grandbrothers : sidérant sidéral

ÉLECTRO – Pour sa 44ème édition, le Festival International de Piano de la Roque d’Anthéron honore un rendez-vous qui devient une habitude : une soirée électro ! Un concert qui affiche l’immersion comme expérience phare, et qui permet de découvrir un duo d’avenir : Grandbrothers.

C’est pas mal les habitudes… L’arrivée le long de la Durance le matin, depuis Marseille, dans un habitacle hermétique qui laisse passer la lumière descendants des pins le long de la route, et qui en s’ouvrant à l’arrivée libère le chant des cigales. La boule de glace à la pistache sur l’allée ombragée du village, l’après-midi. Et à la fraîche, la promenade sous la cannopée des Séquoias centenaires, pour aller jusqu’à la conque installée-là. Oui, c’est bien les habitudes…

Le satellite du classique

Les habitudes, c’est aussi ce qui ancre une pratique, ce qui change l’événement en rituel, et ajoute une couleur à nos identités, en s’agrégeant au fil du temps. Depuis quelques années, la soirée électro de la Roque change petit à petit l’image du festival (un ou deux concerts sur près de 80, c’est pas non plus la Lune). Dans ce festival tout entier dédié au clavier, sorte de Mecque du Piano pour les fans hardcore de la discipline, des noms catchy émaillent la programmation, année après année, avec ce qu’il faut de photos stylisées et de phrases accrocheuses pour que ce rituel immuable, présent depuis plus de 40 ans dans le paysage, entre lui aussi dans l’ère des musiques amplifiées. Et puis, petit plus qui fait plaisir par rapport à un concert de piano classique : ça n’a l’air de rien, mais comme la soirée affiche une ambiance tamisée avec des lumières minimales, on voit super bien les étoiles ! 

Lukas Vogel © Valentine Chauvin
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Matériau composite

Bon par contre, il faut qu’il y ait du piano à un moment donné… C’est là qu’intervient le duo invité cette année : Grandbrothers. Deux musiciens qui, comme beaucoup, se sont rencontré à la fac et ne se sont jamais quitté depuis. L’un pose ses mains sur l’ivoire d’un grand queue tout ce qu’il y a de plus classique ; l’autre jongle avec un clavier un poil plus branché qui reçoit les notes de son partenaire, s’en imprègne, puis l’utilise comme une matière mouvante pour créer la musique. Une sorte de fabrique du son dont les étapes de production paraissent assez claires, et le résultat est une nappe quasi ininterrompue dont la couleur et la texture change avec la lumière qu’elle reçoit. Mais à y regarder de plus près, on se rend compte que c’est plus compliqué que ça ! Le piano n’est pas capté puis relayé : il est préparé avant le concert. Les marteaux sont augmentés de capteurs pré-réglables qui nourrissent déjà la platine d’une matière qui lui ressemble. Grandbrothers, ce n’est pas la nature contre la machine, dans une sorte de piano de synthèse : c’est une synthèse.

Erol Sarp © Valentine Chauvin
D’une dérive à l’autre

Grandbrothers, c’est aussi une musique qui peut sembler répétitive, tant le fleuve est large et les évolutions lentes. Mais comme dirait l’autre, on ne se baigne jamais deux fois dans le même fleuve ! Alors il suffit de jouer la branche solitaire, détachée de son arbre, qui se laisse porter par le courant, quitte à fermer les yeux quand on met la tête dans l’eau. On nous promet une expérience immersive : nous voilà immergés ! Et attention, entre deux récitals de piano classique, on pourrait vite en prendre l’habitude…

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