CONCERT – L’Orchestre National du Capitole de Toulouse ouvre sa saison symphonique à la Halle aux Grains avec son nouveau directeur musical, Tarmo Peltokoski. Ils interprètent le prélude de Tristan et Isolde de Wagner et la Symphonie n°2 « Résurrection » de Mahler, appuyés par les chœurs de l’Opéra National du Capitole et de Radio France, ainsi que les solistes Wiebke Lehmkuhl et Silja Aalto.
Passer la main
Salle comble, orchestre en place, petit discours du maire ouvrant la saison et présentant le nouveau directeur musical désigné (que les plus fidèles parmi le public de l’orchestre avaient déjà pu voir lors de quelques précédents concerts), la Halle aux Grains frémit déjà d’entendre le programme de ce soir. Pour le sélectionner, Tarmo Peltokoski avait avoué lors de la présentation de la saison avoir simplement mis ensemble ses deux œuvres préférées en un seul concert. Le prélude commence, envoutant et capiteux avec ses bois mélancoliques et ses violons extatiques. Il est donné avec une cohérence intacte du début à la fin et une énergie continue, même si la progression au centre de la partition aurait pu être encore plus exploitée. Il est assez étonnamment enchainé sans transition avec le premier mouvement de la symphonie auquel succèdera une courte pause le temps de faire rentrer les chœurs.
Mains courantes
Tarmo Peltokoski qui dirige les deux œuvres sans partition donne une deuxième de Mahler franche, puissante et sans concession. L’interprétation se retrouve donc beaucoup plus proche de l’incandescence d’un Bernstein que de la rigueur sévère d’un Boulez. L’orchestre est réglé avec soin, laissant apprécier le timbre de chaque instrument et la structure de chaque motif. Il révèle l’ensemble des couleurs et des textures aussi intenses que diverses de la musique de Mahler. De la sombre profondeur des contrebasses dialoguant avec les bois sur le premier mouvement à la magie lumineuse des harpes se posant sur la flûte de Sandrine Tilly peu après, en passant par la sensibilité des solos de violons joués par Jaewon Kim, chaque instrument trouve l’espace d’exprimer ses déchirantes passions. Les éveils prennent la forme de progressions, irradiants plus ou moins intensément pour contrecarrer les effluves obscures que comprend aussi la partition. Les puissants impacts de cuivres et de percussions interrompent alors le manège comme des forces supérieures, pour mieux le reprendre après.
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Paume d’Eden
La complainte du quatrième mouvement, chantée par Wiebke Lehmkuhl transporte le public vers le recueillement. Le volume est impeccable, tout comme le souffle qui permet à la chanteuse de moduler finement la chaleur de son timbre sur l’ensemble des répliques (le public aura lui par contre retenu plus d’une fois le sien au cours de la soirée !). La cristallinité de la voix de Silja Aalto l’accompagnera pour commencer à éclairer la salle de la lumière divine de la résurrection juste avant que cette dernière ne soit poussée à son paroxysme par les chœurs et le tutti orchestral. Tout au long de la symphonie, Tarmo Peltokoski a étreint le public dans une poigne ferme et sans gants, lui faisant ressentir une peau aussi douce que la vie, aussi froide que la mort, et aussi brûlante que la résurrection.
Demandez le programme !
- R. Wagner – Tristan et Isolde, prélude
- G. Mahler – Symphonie n° 2 « Résurrection »