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Pavillon aux Pivoines : le Roméo et Juliette chinois

OPÉRA – Ce soir, à l’Opéra de Bordeaux, c’était l’heure de se laisser emporter dans un tourbillon d’amour et de rêve avec Le Pavillon aux Pivoines. Cet opéra Kunqu, l’une des plus vieilles formes d’opéra chinois, combine chant, danse, théâtre et même acrobaties. Un art ancestral ultra-codifié, inscrit par L’UNESCO au patrimoine culturel immatériel !

Le Pavillon aux Pivoines, écrit en 1598 (la même année que Roméo et Juliette de Shakespeare !), est un chef-d’œuvre de la littérature chinoise. La Shanghai Kunqu Opera Troupe nous en livre une version courte mais intense avec seulement huit scènes, histoire de nous plonger dans cette aventure poétique sans nous perdre dans les 55 scènes originales. Alors, l’amour peut-il encore tout emporter ? Spoiler : oui !

© Pierre Planchenault
Aimer, c’est c’qu’il y a de plus beau

Dès que le rideau se lève, ambiance minimaliste : juste une table et une chaise, le strict nécessaire. Mais ce qui capte tous les regards, c’est l’entrée de Du Liniang (interprété par la précise Luo Chenxue), l’héroïne de 16 ans. Elle flotte littéralement sur scène, avec une démarche hyper chorégraphiée, des yeux qui roulent, une voix aigüe qui fait penser à un chaton en train de miauler (vraiment !), et des mouvements de manches ultra-symboliques. On ne capte pas tout, mais on sent que ça parle d’amour et de désir, sous couverts de métaphores remplies de fleurs, d’oiseaux et de nuages. La musique douce et raffinée nous accompagne alors qu’on découvre cette jeune fille en pleine éclosion. Elle rêve d’un jeune homme qui viendra « lui desserrer sauvagement sa ceinture » – tout est dit ! Elle s’abandonne dans un rêve aussi sensuel que poétique, et franchement, on a envie de rêver avec elle à cet amant sauvage.

Aimer, c’est voler le temps

Sauf que cet amour de rêve va la consumer. Du Liniang, malade d’un amour impossible, se laisse mourir au pied d’un prunier. C’est beau et triste à la fois. La scène, avec ses jeux de lumière délicats, nous fait vraiment ressentir cette lente descente vers l’inévitable. On sent que l’amour lui brûle le cœur, et elle s’abandonne complètement. Est-ce qu’on ne voudrait pas tous un peu connaitre cette sensation d’aimer à en mourir ? 

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Brûler au cœur d’un volcan

Bienvenue aux enfers ! Quand Du Liniang débarque dans le monde des morts, l’ambiance explose. Les lumières deviennent violettes, la musique percutante. Et là, surprise : on passe à une scène hyper dynamique et même drôle ! Les « Jing » et « Chou », personnages emblématiques du Kunqu, débarquent avec leurs visages peints et leurs acrobaties. C’est millimétré, plein d’énergie, et on rigole dans le public des mimiques des clowns en perruques multicolores. A en oublier que l’œuvre date de 1598. Le grand officier du Prince du 10e Enfer, avec sa longue barbe rouge et son air sarcastique, balance à Du Liniang : « Sérieux, comment on peut encore mourir pour un rêve aujourd’hui ? » Rires dans la salle. Mais l’amour est plus fort que tout, et grâce à un simple bâton d’encens, elle est ramenée à la vie pour retrouver son amant, à qui elle est destinée. Qui n’aurait pas envie d’une deuxième chance comme ça ?

Aimer et sentir son cœur

Les deux amants se retrouvent enfin, et là, c’est l’explosion d’émotions. Chaque geste est maîtrisé à la perfection, mais on ressent tout : l’amour, la timidité, la peur. Les couleurs douces des lumières bleutées qui inondent la scène ajoutent une touche de magie. Malgré la codification ultra-précise des gestes, tout est limpide. 

Aimer, c’est rester vivant

Liu, notre héros (interprété par l’actrice Hu Weilu, montée sur des chaussures à plateforme pour paraitre encore plus grande), ne s’arrête pas là. Tel Orphée, il plonge de nouveau dans les enfers pour sauver Du Liniang une bonne fois pour toutes. Il brave les Jing et les Chou, avec tout le courage et la passion d’un amoureux prêt à tout. Face à la mort, c’est l’amour qui triomphe toujours.

À lire également : Plus d'infos sur le Pavillon aux Pivoines sur Ôlyrix.com
Conclusion : Aimer, c’est ce qu’il y a de plus grand

À la fin, on est conquis. L’amour gagne, le rêve l’emporte sur la réalité. Et franchement, ça fait du bien de se dire que oui, on veut encore rêver en grand, encore et toujours. Mourir d’amour ? Pourquoi pas ! L’amour plus fort que la mort. Et ce soir, les Bordelais l’ont ressenti : on se demandait comment un public occidental allait accueillir ce chef-d’œuvre chinois sans en maitriser tous les codes, on est fixés : le public est conquis et applaudit à tout rompre les artistes. Amour sans frontières ! 

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