Alvin Ailey : gospel with no words

DANSE – Après sept ans d’absence, la célèbre compagnie Alvin Ailey American Dance Theater fait son grand retour au Palais des Congrès de Paris et nous offre deux programmes exceptionnels présentés en alternance : Programme A composé d’œuvres inédites et le Programme B d’œuvres déjà connues du grand public. Mais les deux programmes se concluent par le chef d’œuvre emblématique de la compagnie : Révélations. Et rien que ça, ça mérite le détour. 

La compagnie Alvin Ailey American Dance Theater, composée de trente-deux danseurs, nous offre pour cette tournée parisienne des œuvres emblématiques et inédites, mettant en lumière la culture afro-américaine grâce à un répertoire très varié. Fondée en 1958 par Alvin Ailey, cette troupe new-yorkaise s’est imposée comme une véritable ambassadrice de la culture afro-américaine sur la scène internationale grâce à ses chorégraphies novatrices et un engagement sociétal fort. 

Retour aux sources, pas au sens

« Following the Subtle Current Upstream », signé par Alonzo King est présenté par son créateur comme une « œuvre sur la façon de revenir à la joie ». Il aspire à nous guider vers une reconnexion à nos sources et à la nature. Sur les percussions rythmées de Zakir Hussain, les danseurs se lancent dans une danse légère et aérienne, inspirée par les courants marins. Le travail des bras et des mains, d’une précision calligraphique, évoque parfois l’esthétique de Forsythe. Les costumes, jaune et noir, nous rappellent les abeilles butineuses, et ce qu’on peut lire comme un appel à l’urgence écologique. Pourtant malgré de beaux tableaux et un noble propos, cette création peine à nous emporter dans sa quête existentielle. La fluidité des mouvements, censée inviter à une méditation poétique, nous lasse assez rapidement. 

Dancing Spirit : blue Moon

Avec « Dancing Spirit », Ronald K. Brown rend un magnifique hommage à Judith Jamison, ancienne directrice artistique de la compagnie. La pièce débute tranquillement dans une apparente simplicité : danse collective, ponctuée occasionnellement d’une envolée d’un soliste. Progressivement, la chorégraphie prend son envol sur les notes de jazz de Duke Ellington et de Wynton Marsalis auxquelles se mêlent les sonorités plus modernes de Radiohead et War. Et on se retrouve plongé dans l’atmosphère un club de jazz où les danseurs dansent à corps perdus sur le rythme. La pièce culmine avec une séquence festive, sublimée par la projection d’une lune en arrière-plan. Brown réussit une fusion subtile entre racines africaines, danse cubaine, brésilienne, américaine et contemporaine et nous emporte avec lui. 

Révélations – old news, but good news !

C’est le moment que tout le monde attend avec impatience. Avouons-le : si l’on s’est déplacé jusqu’au Palais des Congrès, c’est pour découvrir ce tube phare des années 60 qui propulsa la compagnie sur la scène internationale, et qui, soixante ans plus tard, n’a rien perdu de sa superbe. 

Sur un plateau dépouillé, dans une palette chromatique d’une grande sobriété (beige, jaune, noir, blanc), Ailey réussit à explorer le tragique de la condition noire, son errance et ses déchirements. Puisant son inspiration dans ses souvenirs d’enfance au Texas, Alvin Ailey a longtemps porté cette œuvre en lui, lorsque ses parents ouvriers agricoles, l’emmenaient à des messes baptistes débordantes de chants. Il en restitue l’essence avec une célébration cathartique de la foi et de la résilience. 

Le tableau final, particulièrement jubilatoire et mémorable, « Move, Members, Move » met en scène dix-neuf danseurs en tenue canari incarnant la joie et l’espoir. Une célébration de l’église et de ses membres mais surtout la résilience d’un peuple portée par le pouvoir libérateur de la musique gospel. La musique, irrésistiblement entraînante, crée un moment de communion magique avec le public, qui gagné par l’énergie contagieuse de la troupe, n’hésite pas à se lever, à chanter et à danser à l’unisson. 

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Plus qu’une simple évocation de la communauté noire, « Révélations » sublime l’héritage afro-américain avec une vision aussi poétique que politique. Bref, vous l’avez compris, « Révélations » s’impose comme un chef d’œuvre qui transcende les époques et continue de nous bouleverser dans un monde en quête de spiritualité. 

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