FESTIVAL – Dans la pénombre d’une scène dépouillée, sans décor ni artifice, Mourad Merzouki, déploie un ballet format poche, habile mariage entre musique baroque et danse contemporaine : Phénix, en clôture du Festival de musique de Dinard.
Sur une scène vide où la lumière se fait matière, Mourad Merzouki croise hip-hop et baroque, sous les doigts d’Hatim Laamarti, Aymen Fikri, Mathilde Devoghel et Pauline Journé. Dans cette pièce, qui se lit comme un poème visuel, chaleureux et sans prétention, on cherche l’expressivité du geste plus qu’une direction, et le résultat est d’une fantaisie suffisante.
Bach to the basics
Le popping, mêlé à des influences contemporaines, fusionne avec une bande-son où l’électro, signée Arandel et inspirée de Bach, réinvente le baroque. Mélancolique par essence, la viole de gambe devient une voix humaine aux couleurs joyeuses, conformément au souhait de Mourad Merzouki. Ce contraste entre le battement des rythmes et la profondeur de la viole crée un équilibre singulier, percutant et sublime.
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Ici, la musique n’est pas reléguée en fosse, elle devient personnage, objet scénique à part entière. Entre les jambes de Garance Boizot, la viole semble faire corps avec la musicienne, dans un drapé d’un rouge flamboyant. L’instrument, “gamba” signifiant littéralement jambe, devient partenaire, ancre. Les danses se répondent dans un double pas de deux : l’homme et sa danseuse, Garance et son archet, comme deux miroirs se cherchant.
Chaque tableau, servi par des jeux de lumière élégants, éclaire le mouvement brut et organique de l’ensemble. Phénix en devient un moment simple et puissant, sans détour ni symbolisme. Un spectacle léger, où l’on ne cherche pas de profondeur, mais où la beauté de la danse et du son suffit : Baroque et hip-hop, étrangement, s’épousent.