DANSE – Le festival Tintamarre, dans l’Allier, propose tous les ans une semaine de rendez-vous musicaux dédiés aux jeunes enfants, mais pas seulement. Ainsi de ce Boléro d’un nouveau genre, propre à réunir les générations autour d’un spectacle détonant mené par le duo de danseurs Gilles Verièpe et Valérie Masset. En piste !
« Alors, tu viens à la soirée, toi ? ». À la sortie de l’école, la veille, la question était dans toutes les bouches. Mais évidemment qu’elle est venue, la petite Colette. Et Kylian aussi. Et puis Albane, avec toute sa classe ! C’est que l’événement est de taille, les camarades : ce soir, au théâtre de Cusset, on donne le Boléro, et c’est DJ Ravel lui-même qui passe aux platines. Au programme : musique enivrante, battements de pieds à tout va, oreilles d’éléphants avec les mains, et surtout danse à gogo !
De la danse ? Mais on fait comment, pour bouger son corps comme les adultes ? Et comment chauffer la piste si on est un peu timide ? Pas de souci : Gilou est là. Lui, Gilles Verièpe, danseur et chorégraphe de la compagnie DK 59, s’y connait, en matière de mouvements corporels en tout genre. Alors, avec sa moving friend du soir, Val’, l’artiste s’en donne à cœur joie dès les premières notes d’un Boléro d’abord diffusé dans sa version la plus classique qui soit, dirigée par Karajan tout de même (« Qui ça ? » Les adultes vous expliqueront, les enfants…).
Et ça fait bim-bam-boum !
Bon, il n’y a quand même ici pas l’intro, l’ostinato naissant chez la caisse claire, puis la flûte, puis, la clarinette, puis le basson… Non, ici, pas de temps à perdre : il faut bouger, alors il faut du bruit, alors il faut le prendre par la fin, ce Boléro, quand tous les instruments sont là. Alors, d’emblée triomphale et hypnotisante, la musique fait immédiatement rentrer en mouvement les corps des deux artistes, face à des petites têtes blondes aux yeux ébahis. Il y a là des sauts, des grands écarts, des roulades minutieusement calées sur le rythme à trois temps. Les corps pivotent, se font face ou s’opposent, les pieds font du cha-cha-cha et les jambes font des ronds, quand les bras indiquent de regarder loin et haut. Ce que font les enfants, bien évidemment, avant que leurs doigts, à nouveau, ne rejoignent leurs bouches sur des visages soudain fascinés.
Car le voilà, enfin, le clou de la soirée : DJ Ravel himself. Fini, les hautbois, les cors et les violons, place à de la techno pure et dure, à trois temps toujours, mais façon bim-bam-boum. Alors, sur scène, les deux danseurs se font encore plus possédés par le mouvement, et quand leurs corps s’arrêtent, que leurs regards se confondent, c’est pour mieux repartir illico faire un saut de cabri ou un tour sur soi-même avec le bout du pied pour seul pivot. De quoi faire mouche auprès des enfants qui, bientôt, sont eux-mêmes invités à rentrer dans la danse : suivant les exemples venus de la piste, il leur revient alors de jouer avec leurs mains au niveau de la tête, pour mimer une casquette, des jumelles en faisant un trou avec les doigts au niveau des yeux, et puis des oreilles d’éléphant, que chacun décline à sa sauce en une joyeuse folie gestuelle.
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Ainsi, une fois ce Boléro terminé, d’abord au son d’une techno riche en décibels, puis à renfort de cymbales et grosses caisses, chacun a donc donné dans le mouvement, et s’en trouve fort ravi autant qu’épuisé. Sur scène, le duo invite alors à reproduire un dernier geste, que les enfants connaissent bien celui-là : le cœur avec les doigts. Après quoi, il est toujours temps de retourner au bar pour une dernière boisson. Alors, entre deux sirops de grenadine, les copains et copines se le promettent (et leurs parents aussi) : pour revivre une soirée pareille, ils retourneront voir des spectacles avec grand plaisir !