AccueilNon classéAngers et Nantes : unies face à la crise

Angers et Nantes : unies face à la crise

ACTU – En pleine crise politique sur le budget au niveau national, qui pourrait déboucher sur la formation d’un nouveau gouvernement dans les jours qui viennent, le monde de la culture s’inquiète pour le financement de ses outils de diffusion, ses salles de spectacles et ses festivals. Dans ce contexte anxiogène, les deux adjoints à la culture d’Angers et de Nantes prennent la parole dans une tribune commune, pour défendre la culture au niveau local.

Les deux élus, respectivement président et vice-président d’Angers Nantes Opéra font plume commune, à l’heure où les coupes budgétaires annoncées par la Région Pays de la Loire font craindre pour l’avenir de la culture sur tous les territoires. « Nous prenons la parole ensemble aujourd’hui pour dire notre inquiétude face à une situation qui pourrait affecter durablement la vie culturelle ».

Grande Région, grandes mairies ?

Mais alors, que peuvent deux élus locaux face à cette machine à réduire les dépenses, qui s’enclenche aussi bien au niveau régional que national ? Le communiqué paru hier est un soutient vibrant qui convoque Balzac et Victor Hugo, employant la jolie métaphore du fleuve qui les unit pour affirmer leur force commune : « Ce fleuve majestueux, riche de nombreux affluents et confluences, qu’enjambent nos villes ». Pour autant, il se garde de faire une annonce. Pas de rallonges municipales au budget alloué à Angers Nantes Opéra pour compenser d’éventuelles pertes, pour l’instant.

Alexandra Lacroix © Pierre-Émile Havette

En août dernier, la tout récemment nommée directrice de l’institution à partir de 2026, Alexandra Lacroix nous annonçait, heureuse, qu’un effort financier avait été voté pour rattraper le retard accumulé à cause, déjà, de l’inflation. La nouvelle donne budgétaire imposée par la Région a-t-elle eu raison de ce signe de confiance ? Dans un entretien qu’elle a bien voulu nous accorder à la suite de cette tribune, la future directrice de l’ANO affirme : « Si ces coupes ont réellement lieu, oui ! En tout cas, il y a une vraie nécessité de dialogue, pour travailler en bonne intelligence. Et pour ça, il faut dépasser la notion de clivage politique, ce que démontrent ici les villes d’Angers et de Nantes qui, quelles que soient leurs opinions politiques, se mettent d’accord autour d’outils communs ».

À lire également : L'interview d'Alexandra Lacroix à la suite de sa nomination à l'ANO

Pour la future directrice de l’ANO, il en va de l’attractivité du territoire tout entier. « Les structures culturelles comme nous participent aussi au rayonnement régional, au-delà du public de l’Opéra. C’est un enjeu économique, culturel et d’innovation qui dépasse le simple cadre artistique. » Une étude menée en 2011 par le cabinet Kurt Salmon dans 47 métropoles et 21 pays, et relayée par Les Échos montre que « les dépenses culturelles publiques qui représentent 0,7 % du PIB par habitant, génèrent au final 9 % du PIB par habitant ».

Missions impossibles ?

Et Alexandra Lacroix d’ajouter : « Au delà de l’attractivité et de son rayonnement, la culture crée aussi du commun et une fierté d’appartenir à une région à travers son patrimoine, ses théâtres, son orchestre, ses universités, etc. Ce sentiment d’appartenance est notamment nécessaire pour réduire la fracture entre ruraux et urbains. »

En réaction à la tribune conjointe de Nicolas Dufetel et Aymeric Seassau, Alexandra Lacroix craint également que les coupes annoncées marquent un coup d’arrêt à la belle dynamique engagée au niveau régional : « ça va entraîner du déficit sur un budget déjà engagé, avec des contrats déjà signés. Et si on regarde plus loin, elles entraîneront aussi un repli sur nos fondamentaux, un enfermement entre les murs de nos théâtres qui va à l’encontre des actions de territoire. Si on n’a pas les financements, on ne pourra plus aller dans les zones rurales ou auprès des lycéens. »

À lire également : l'article Ôlyrix, avec notamment des extraits d'une interview d'Alain Surrans

Un piège inquiétant qui, si toutes les régions de France suivent l’exemple de la Région Pays de la Loire, ne va pas aider les maisons d’Opéra à être vécues comme moins élitistes. Le serpent se mord la queue, puisque c’est précisément cette mission d’ouverture aux nouveaux publics qui conditionne aujourd’hui bien des subventions publiques.

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1 COMMENTAIRE

  1. Encore un merci.
    Continuez grâce à votre écriture de faire monter le désir en nous. Désir de cliquer sur la retransmission du concert, du ballet, de l’interview d’un tel. Désir de nous faire réserver une place de spectacle du fin fond de notre lit, pour finalement nous faire nous réunir pour vibrer les uns les autres côte à côte et cultiver ensemble l’empathie et l’imaginaire qui sauveront l’humain en lui donnant la force de résister.

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