DANSE – Lorsqu’une compagnie de danse culte se produit sur l’une des scènes les plus prisées de Big Apple, on ne peut pas être déçu : c’est l’effet « Alvin Ailey » au New York City Center cette semaine.
Alvin Ailey n’est rien moins que l’une des compagnies américaines qui ont révolutionné la danse moderne au XXe siècle. En mettant en avant des danseurs afro-américains, et en inventant une nouvelle esthétique, Alvin Ailey fait tout simplement partie de ces monstres sacrés de la modern dance américaine. Cette saison, la compagnie rend aussi un hommage particulier à Judith Jamison, directrice artistique de la compagnie décédée ce 9 novembre.
La danse du siècle
Comment alors composer un programme quand on a le poids de toute une histoire (esthétique et politique) sur les épaules ? Dans le pays du « more is more », Alvin Aley ne se résout pas à choisir, mais au contraire propose dix-huit pièces phares alternant selon les représentations, faisant de chaque journée de spectacle un moment unique, et exceptionnel.
Au programme de ce samedi on a donc trois pièces bien particulières : Century, créée en 2023 par Amy Hall Garnier, et rendant hommage à la vie des afro-méricains aux Etats-Unis dans la joie ; Following the Subtle Current Upstream, une nouvelle production de 2023, bien plus « contemporaine » dans son esprit, d’Alonzo King, entre la lamentation et le combat ; et enfin Revelations, l’une des pièces cette fois véritablement cultes d’Alvin Ailey, créée par le chorégraphe et créateur en 1960, et accompagnée d’un chœur gospel chantant dans la fosse.
Le programme est donc loin d’avoir été laissé au hasard, et l’on suit au contraire une logique bien précise, des commémorations d’un autre siècle à la « révélation », en remontant le courant bien sûr, mais aussi le temps.
Hell-yeah, Ailey
Que se soit dans le tryptique célébrissime d’Alvin Ailey lui-même, ou dans les autres pièces, le programme est fait pour nous donner la chair de poule. On sort en effet à peine du génial Following the Subtle Current Upstream, articulant silence et voix politiques, que l’on se retrouve face aux voix (incroyables) du chœur de Revelations. Si les textes sont religieux, c’est un éveil esthétique qui surprend le public.
On a beau connaître, ou non, c’est un esprit de chœur qui justement nous prend ici avec les danseurs de la compagnie. Parmi ceux-ci, tous exceptionnels, on note Sarah Daley-Perdomo, athlétique et prenant toute la lumière par son énergie dans Century, mais aussi Michael Jackson et son fulgurant et si sensible solo dans Reflections, sans oublier Chalvar Monteiro dans Following the Subtle Current Upstream, qui se démarque tout simplement du groupe.
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On conclut alors cette matinée par le réjouissant « Move, Members, Move », troisième et dernier volet de Revelations, en forme d’invitation à danser. Les danseurs s’empressent d’y obéir à coup de clin d’œil vers les musiciens, et vers le public, qui ne s’en remet pas. Sacré Alvin Ailey !