RÉCITAL – Le lundi 16 décembre, la Salle Gaveau accueillait Jean-Nicolas Diatkine pour un récital explorant les époques et les styles, du baroque lumineux de Bach au romantisme puissant de Beethoven, en passant par Schubert et ses lieder revisités par Liszt. Une soirée placée sous le signe des contrastes.
De Bach à Beethoven, Jean-Nicolas Diatkine guide son auditoire à travers des styles opposés, mais connectés par une interprétation fluide et réfléchie. La sobriété lumineuse de Bach rencontre l’élan romantique de Schubert et la puissance dramatique de Beethoven.
Bach : lumière blanche
Le Concerto italien BWV 971 ouvre la soirée avec une exécution fidèle à l’esprit du clavecin originel. Jean-Nicolas Diatkine mise sur une précision rigoureuse et une dynamique parfaitement maîtrisée. Peu de nuances, mais une interprétation lumineuse qui souligne la joie de cette œuvre aux inspirations italiennes. Une ouverture sobre, presque minimaliste, comme un blanc uni qui contient les couleurs d’un arc-en-ciel.
Schubert : soleil rasant
Les Quatre Impromptus op.90 plongent l’auditoire dans un univers radicalement différent. Là où Bach repose sur la rigueur, Schubert s’appuie sur l’émotion pure et la fluidité mélodique. Jean-Nicolas Diatkine incarne ce romantisme avec justesse, cherchant à faire revivre l’imaginaire du compositeur. Les passages sombres, comme cette marche inexorable des soldats vers la mort, trouvent un écho saisissant dans des moments plus légers et triomphaux. Une interprétation marquée par des contrastes croissants, jouant sur les dynamiques pour enrichir le discours musical. Le kaléidoscope s’ouvre peu à peu…
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Dans la même veine, les transcriptions de Schubert-Liszt – Auf dem Wasser zu singen, Sérénade et Marguerite au rouet – mettent en lumière le talent narratif de Diatkine. Dans Sérénade, notamment, la virtuosité se double d’une profondeur dramatique, le subtil décalage entre main droite et gauche imitant le fil tragique de la mélodie. Un fil… rouge, bien entendu !
Beethoven : bon anni-vert-saire !
En une coïncidence bienvenue, Jean-Nicolas Diatkine célèbre Beethoven en interprétant sa Sonate n°21, op.53 « Waldstein ». Impossible de rendre meilleur hommage au compositeur dont on fête l’anniversaire ce jour-là ! Diatkine allie agilité technique et puissance expressive, captivant l’auditoire. Du rythme implacable des premières mesures à la délicatesse subtile du mouvement central, l’interprétation culmine dans un final saisissant, marqué par une grande évolution sonore. Chaque contraste, chaque suspension est soigneusement pensée, offrant un Beethoven plein de vie, de force et de nuances.