Mycelium : parlons spores

DANSE – Avec Mycelium, présenté au Théâtre de la Ville avec le Ballet de l’Opéra de Lyon, le chorégraphe grec Christos Papadopoulos poursuit son exploration fascinante du vivant. Une danse minimaliste, composée de micromouvements, crée un effet hypnotique d’une puissance rare qui percute le public de plein fouet et l’entraîne dans une sorte de transe. Un voyage méditatif. 

Après avoir chorégraphié les nuées d’oiseaux et les bancs de poissons dans Ion en 2018, Christos Papadopoulos continue son exploration des connexions invisibles du vivant. Il s’attaque cette fois-ci au plus vaste et ancien organisme de notre planète : le mycélium, ce réseau de filaments généralement blancs qui connecte entre eux les champignons et les végétaux.

Dé-compositions

Dans la pénombre, d’abord un danseur émerge, solitaire, bientôt rejoint par une danseuse, puis progressivement par l’ensemble des danseurs du Ballet de l’Opéra de Lyon, jusqu’à former un groupe de vingt danseurs au total. Tous vêtus de tenues noires, ils prennent possession de la scène par des déplacement latéraux, s’effectuant par petits pas et par des bras ondulants, qui enveloppent le public dans une atmosphère méditative.

© Agathe Poupeney

Le jeu de lumières, savamment orchestré, transforme ces corps en silhouettes spectrales dont les traces lumineuses semblent persister dans l’obscurité, comme un ralenti sur image. Leur micromouvements précis, accompagnés de la musique électro sourde de Coti K, composent une partition hypnotique et organique, qui capture l’essence même des connexions souterraines du vivant… et les nôtres. 

Micro-cosmos

Comme reliés par une force magnétique invisible, les danseurs évoluent en parfaite symbiose, les micromouvements évoquant les dynamiques du vivant dans toutes ses échelles – du micro au macro, des animaux aux végétaux. Papadopoulos évoque même une « colle invisible ». Un seul tableau se déploie progressivement, passant de micro-ondulations, qui nous laissent dans un état contemplatif à des mouvements de hanches plus rythmés qui électrisent l’ensemble. Du ballet au bolet : la métamorphose est complète.

© Agathe Poupeney
Promenons-nous dans l’émoi

À travers cette œuvre minutieuse, Christos Papoudoloulos, nourri par une enfance près de la mer dans le Péloponnèse, invite à affiner le regard sur la nature qui nous entoure, et à percevoir les variations infimes qui animent notre monde, comme le bercement des arbres par le vent.

À lire également : Pas, pas, Papadupoulos

Une chorégraphie méditative qui nous permet de nous vider la tête et de lâcher prise après une journée de boulot, mais surtout de nous questionner sur notre rapport à la nature et aux écosystèmes qui nous entourent. Qui a dit que la danse ne pouvait pas être aussi efficace qu’une séance de thérapie ? En sortant de la salle, on a qu’une envie : s’allonger en pleine forêt pour contempler sa chorégraphie naturelle. 

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