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Mire au Pavillon Noir : miroir des formes…

DANSE – Toujours dans le cadre de CHRONIQUES, Biennale des Imaginaires Numériques et avec le soutien du centre culturel suisse, antenne de pro helvetia Mire (Jasmine Morand) met au travail le regard du spectateur, comme Topeep secret box des Delgado Fuchs, donné en parallèle.

Ce regard est doublement saisi et mis en tension par le procédé technique du kaléidoscope d’une part, par l’exposition crue des corps humains dans leur plus simple appareil d’autre part.

La danse vue du sol

Mire, pour douze interprètes, veut offrir au spectateur, depuis un grand miroir posé au plafond, le reflet d’une danse conçue et réalisée au ras du sol, comme une longue et savante séance de barre à terre. La scène est entourée et dissimulée par une structure circulaire (comme avec Topeep secret box), évoquant un kinétoscope, qui, en tournant, donne l’illusion du geste et du mouvement. L’univers est ainsi clairement celui du regard, dans ce qui le motive et ce qui le détermine.

Le public, en deux rangs, est allongé à l’extérieur de ce cercle, sur toute sa circonférence, pour diriger le regard vers le miroir et le laisser se prendre dans les rets de l’illusion d’optique. Car ce qu’il se passe au ras du sol n’est pas ce qui doit se donner à voir directement – même si la chorégraphe a prévu des fentes au travers desquelles le curieux pourrait voir directement la nudité mise au travail de la danse. Mais cette possibilité n’est pas évoquée et encore moins favorisée par le staff du Pavillon noir, sans doute pour des raisons de bienséance. Ce qui se donne à voir, c’est le sol devenu ciel, le reflet de ce qui est en bas comme ce qui est en haut…

Le cercle : vice-vertu
© Céline Michel

Douze interprètes, six hommes et six femmes, plient et déplient leur corps ensemble pour former des figures combinées, équilibrées, harmonieuses, saisissantes, toutes incluses dans l’espace du cercle : cadrant de l’horloge, ciel zodiacal, mandala indien, géométrie pythagoricienne, roue de fortune, structures cristallines, rose mystique, écritures hiéroglyphiques, etc. Autant de références, faisant sens, ou pas, dans ce qui pourrait se donner comme un test de Rorschach ; autant de sources de savoirs, érudits et sophistiqués qui soumettent les corps et les esprits humains à leurs mécaniques de précision.

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Pourtant, quelque chose de naturel, de simple, de brut, se donne en même temps. Les spectateurs et les interprètes sont étendus à même le sol, celui de la scène du théâtre. Les souffles et les déplacements des uns et des autres sont audibles, de part et d’autre de la structure circulaire. Les gestes et les déplacements des danseurs, s’ils reposent sur une synchronisation et requièrent une grande souplesse, n’ont rien de virtuose. Positions fœtales, caresses, rapprochements et autres étirements renvoient aux gestes du quotidien, à une sorte de mémoire à la fois collective et intime. Tous ces gestes se réalisent dans le temps long de l’incorporation. Ainsi, la nudité, au-delà de la thématique du regard, peut se justifier pleinement ici, comme ce mode d’être au monde à ne jamais perdre-de-vue.

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