Mozart : vie et morts, tour à Tours

CONCERT – L’Opéra de Tours entame l’année 2025 avec Mozart et son Requiem, sous la direction de David Jackson. Le programme a également offert à entendre deux œuvres des contemporains David Lang et Arvo Pärt.

Requiem pour un orchestre ?

À l’aube de cette année 2025, l’avenir semble toujours aussi incertain pour l’Orchestre Région Centre Val de Loire et l’Opéra de Tours, dont les représentants ont pris la parole en début de concert pour dire leur inquiétude face aux récentes annonces de réduction des subventions, qui semblent compromettre leur souhait de devenir un orchestre à plein temps. Même avant le concert, une gravité funeste règne dans la salle, pour cette soirée de Requiem.

Petites morts

David Jackson est le chef du chœur de l’Opéra de Tours. C’est donc tout naturellement qu’il s’avance pour la première des deux petites morts qui précèdent la Grand messe. I lie (Je gis) de David Lang est un poème en yiddish, chanté a capella par un chœur de femmes. On chauffe les voix avec cette œuvre au long développement harmonique ponctué de silences que déchire la voix soliste, dans un climax tragique. Mais ce soir, David Lang sera aussi chef d’orchestre et, pour chauffer ses cordes, ce sera le Cantus in Mémorial Benjamin Britten d’Arvo Pärt. Un canon planant réglé par une mathématique implacable dont une cloche en La est le métronome funèbre. Le ton est donné, les oreilles sont prêtes : place à Mozart.

Mozart : à la vie, à la mort

Dès le premier numéro, on comprend que David Jackson veut donner de la vie à cette messe pour les morts : le tempo est allant, marqué par les accords de trombones particulièrement mis en valeur, qui donnent à l’œuvre toute sa gravité religieuse. Ça tonne ! Le chœur est bien présent lui aussi. Dès son entrée, il montre un équilibre vocal et un dynamisme convainquants, avec des basses puissantes qui éclipsent à peine leurs collègues ténors. Mais l’impression est bien là : ce Requiem de Mozart sera puissant, ou ne sera pas.

© A.Nabo De Sousa

Mais sans union, c’est bien connu, la puissance ne sert pas à grand-chose ! Celles qui l’incarnent le mieux sont encore Anaïs Frager et Séraphine Cortez, soprano et alto à la voix particulièrement complémentaire. Même vibrato, même émission pour une voix double qui tire tantôt vers l’aigu, tantôt vers le grave, avec la même facilité. Deux anges du pardon que nuancent les voix d’hommes, Thomas Dear (basse) et Sébastien Droy (ténor en remplacement de Zachary Wilder souffrant) optant pour suivre l’élan de la musique, avec une projection forte. Ils sont le destin de Mozart qui frappe à la porte, et dont les deux timbres mêlés sont le pardon et la révolte.

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Pour se bercer, le concert revient au calme du début avec un Ave Verum en bis, composé par un Mozart au bord du gouffre, mais qui puise encore un dernier effort de douceur au bout de la souffrance. Une petite leçon de vie (et de mort) que le public ramènera chez lui, et gardera longtemps en tête, on l’espère. La musique, à la vie, à la mort !

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