Les Punk.es ont du chien !

COMÉDIE MUSICALE – La comédie musicale Punk.e.s redonne vie à « The Slits », le premier groupe punk féminin londonien, injustement effacé de la mémoire collective. Un spectacle féministe sur des femmes aussi puissantes que fragiles, qui donne la pêche à découvrir au Théâtre de La Scala Paris jusqu’au 30 mars. 

The Slits : késako ?

« The Slits » (littéralement « les fentes » en français) voit le jour en 1976, porté par quatre filles survoltées dont la chanteuse Ari up, fille d’une millionnaire, alors âgée de seulement 14 ans. Pionnières pour l’époque, elles ont brisé les codes en s’emparant d’instruments traditionnellement réservés aux hommes comme la basse et la batterie. Bien que leur carrière n’ait duré que quatre ans, et qu’elles furent des grandes oubliées de l’histoire de la musique elles ont ouvert la voie aussi bien à Björk, que Madonna ou encore Lady Gaga.

Si le groupe est principalement resté dans les annales pour la pochette provocante de leur album « Cut » (1979), où les trois musiciennes – Ari Up au chant, Viv Albertine à la guitare et Tessa Pollitt à la basse – apparaissaient seins nus, simplement vêtues de pagnes et couvertes de boue, leur héritage artistique mérite d’être déterré. C’est précisément l’ambition de cette comédie musicale, co-écrite par Justine Heynemann et Rachel Arditi, qui donne un nouveau souffle à ces icônes rebelles, proposant ainsi à la jeune actuelle, une source d’inspiration. 

© Anna Perdrix
Un spectacle féministe 

La scénographie de Marie Hervé reconstitue l’atmosphère brute des concerts de l’époque avec ses échafaudages industriels. Sous la direction dynamique de Justine Heynemann, le spectacle ne se contente pas de raconter l’histoire personnelle et artistique des Slits, mais il dépeint toute une époque en effervescence où se côtoient les Clashs, les Sex Pistols ou encore la grande prêtresse du rock Patti Smith.

L’histoire avance à un rythme effréné, porté par une bande-son live qui évoque chez le spectateur quelques souvenirs nostalgiques. Mais au-delà de la musique, c’est les histoires personnelles de ces quatre filles audacieuses qui nous touchent. Le texte, très bien ciselé, retrace non seulement la formation du groupe, mais explore surtout l’évolution personnelle de ces musiciennes, leurs aspirations, leurs rêves mais surtout leurs traumatismes : inceste, viol, meurtre, prison, avortement… C’est l’histoire de femmes qui, malgré de mauvaises cartes en main, ont su se battre pour suivre leur propre rêve mais surtout garder leur liberté et leur intégrité. La qualité du texte permet de créer une véritable connexion émotionnelle avec ces femmes fortes, rendant leurs parcours d’autant plus poignant. 

© Anna Perdrix
Un casting au top 

La distribution, composée de cinq femmes et un homme, donne vie à cette histoire électrisante avec des acteurs aux multiples talents, qui nous épatent aussi bien dans leur jeu que dans la musique. Rachel Arditi se distingue particulièrement dans le rôle de Nora Forster, la mère fortunée d’Ari Up et manageuse du groupe, ainsi que dans son rôle hilarant de manageur misogyne. Elle est entourée d’un quatuor féminin impressionnant : Charlotte Avias incarne une Ari Up espiègle et complètement cinglée, véritable pile électrique, son énergie se transmet au public, Kim Verschueren campe une Tessa Politi charismatique, Camille Timmerman incarne une Viv Albertine aussi pétillante que touchante, et Salomé Diénis Meulien compose une Paloma résolument rebelle. Valérian Behar-Bonnet, le seul mec complète parfaitement la distribution, passant avec aisance du rôle de Mick Jones à celui d’un contremaître abusif. 

À lire également : L’épouvantable Triptych de Peeping Tom

En résumé, la pièce aborde des thématiques toujours d’actualité autour de l’émancipation féminine, du droit à l’expression et de la quête de liberté. C’est un hommage réussi à ces quatre artistes à la fois fortes et vulnérables, qui ont farouchement préservé leur intégrité artistique face à leur maison de disque. On peut dire qu’elles ont eu le mérite d’essayer, de suivre leurs instincts et de se planter pour garder leur liberté. La force de leur histoire est telle que de nombreux spectateurs, moi compris, touchés par ces destins inspirants, sentent le besoin de vérifier sur Google qu’elles ont bien existé.  

Sur le même thème

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.

Vidêos Classykêo

Articles sponsorisés

Nos coups de cœurs

Derniers articles

Newsletter

Twitter

[custom-twitter-feeds]