Quatuor pour du bon temps

CONCERT – Un quatuor de cadors enchante le public du Théâtre des Champs Elysées avec une interprétation inspirante, toute en osmose, de Beethoven et Messiaen.

Le public de ces rendez-vous de musique de chambre est déjà familier des collaborations entre deux poids lourds de la scène musicale française, le pianiste David Kadouch et le violoncelliste Edgar Moreau, qui se produisent régulièrement en duo depuis plusieurs années et ont enregistré ensemble. Ce concert du dimanche au Théâtre des Champs Elysées permet au public de les découvrir aux côtés de la violoniste Raphaëlle Moreau ; la cadette d’Edgar, qui se produit régulièrement en famille, brille déjà par son parcours de jeune virtuose.

Frère et sœur assurent

Le trio n°4 opus 11 de Beethoven, dit « Gassenhauer » fait montre de la complicité manifeste des trois musiciens et de leur capacité à l’abandon sur une œuvre qu’ils connaissent par cœur, dans les deux sens du terme. La partition, en particulier dans le Allegro con brio initial, permet un dialogue complice et subtil ; il est difficile de ne pas sourire en voyant la fratrie Moreau se répondre par mélodies interposées. Le violoncelle déploie un timbre languissant dans l’Adagio, tandis que le piano de David Kadouch se fait entendre plus encore dans le mouvement final, suite de variations autour d’un air viennois, harmonisant autour de lui les adorables piques rythmiques des cordes.

Format à 4

Le Quatuor pour la Fin du Temps d’Olivier Messiaen, écrit pour une formation inhabituelle (les musiciens que Messiaen avait autour de lui dans son camp de prisonnier pendant la Deuxième Guerre Mondiale), permet au clarinettiste Raphaël Sévère de rejoindre ses comparses. L’œuvre qui alterne mouvements en tutti et louanges mettant en avant un instrument soliste, est un parfait écrin pour mettre autant en avant la virtuosité des artistes que leur complémentarité. Ainsi l’entente rythmique parfaite de la « Danse de la fureur », jouée à l’unisson, alternent avec le lyrisme délicat du violon de Raphaëlle Moreau sur la « Louange à l’immortalité de Jésus », tout en suspension éthérée, ou l’expressivité inspirée d’Edgar dans une « Louange à l’éternité de Jésus » méditative, introspective et savamment vibrée. 

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Si le piano délicat de David Kadouch sert ici de colonne vertébrale harmonique, la clarinette de Raphaël Sévère, amenée par le jeu des superpositions de timbres à prendre le premier rôle dans les mouvements auxquels elle participe, dessine de belles échappées feutrées, rappelant le chant céleste des oiseaux si cher à Messiaen, en particulier sur le troisième mouvement solo « Abîme des oiseaux », qui laisse à entendre une introspection virtuose. Face à autant de délicatesse et un tel arc-en-ciel de nuances, le public nombreux du Théâtre des Champs Elysées ne peut qu’exploser d’applaudissements une fois la dernière note de violon dissipée.

Demandez le programme !

  • L.V. Beethoven – Trio n°4 opus 11
  • O. Messiaen – Quatuor pour la Fin du Temps
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