AccueilSpectaclesComptes-rendus de spectacles - LyriqueHaendel : Erasmus baroque by les Arts Flo

Haendel : Erasmus baroque by les Arts Flo

FESTIVAL – Pour leur Festival de Printemps en Vendée, les Arts Florissants, ensemble composé de talents internationaux, célèbrent Haendel l’Européen.

Auberge espagnole

Bien avant le programme Erasmus, le compositeur allemand Georg Friedrich Haendel a lui aussi choisi d’aller peaufiner son savoir-faire à l’étranger : direction l’Italie. Ainsi, lorsqu’il est ensuite parti faire carrière en Angleterre, c’est en italien que l’Allemand a composé la plupart de ses grands chefs-d’œuvre. Vous suivez ?

Rêve américain

Trois siècles plus tard, c’est un Américain, William Christie, qui quittait son continent natal pour rejoindre l’Europe et venir en France révolutionner l’interprétation de la musique baroque, ancrant son ensemble Les Arts florissants au cœur de la Vendée, dans le petit village de Thiré. Ses jardins, patiemment dessinés, accueillent désormais un festival se tenant chaque été au mois d’août, Dans les Jardins de William Christie. Les églises alentour accueillent quant à elles le Festival de printemps, qui offre, en cette fin avril à la météo irlandaise, cinq concerts en trois jours sous la co-direction d’un Gallois, Paul Agnew, qui assiste au concert du soir en simple spectateur, enthousiaste, après avoir interprété La Résurrection (pour le coup composée en italien en Italie par notre Allemand). 

© Julien Gazeau
Crème anglaise

Mais Haendel a tout de même composé de rares pièces en allemand, dont neuf Airs qui constituent le plat de résistance du concert du soir (avec tout de même également quelques airs en italien et en anglais), en l’Eglise de Saint-Jean-d’Hermine. Et ce sont deux solistes… britanniques, la soprano Rowan Pierce et le ténor James Way, qui ont été choisis pour les interpréter. 

Version originale

Ces cantates allemandes convient des ambiances différentes, depuis des airs d’une mélancolie poignante jusque dans des traits virtuoses. Ces airs sont typiquement haendéliens et tout son style s’y trouve déjà, mais en allemand. D’ailleurs, le second d’entre eux s’appuie sur une mélodie dont le compositeur s’inspirera plus tard pour son célèbre « Qui perde un momento » extrait de Jules César, ce qui donne la même impression amusante que lorsqu’on écoute une version néerlandaise d’un tube de variété française ! Dans le quatrième morceau, c’est la douceur conjointe de la flûte et du violon qui charme l’oreille. 

© Julien Gazeau
Maison monde

Les interprètes représentent ce soir cinq nationalités différentes :

  • William Christie (États-Unis), après avoir insisté pour que la porte de l’église soit fermée pour que le concert puisse démarrer, joue au clavecin et à l’orgue, de manière d’abord impassible, avant de laisser un sourire paraître au moment du « Happy we » extrait d’Acis et Galatea, et de finir dans une humeur joyeuse, affichant sa complicité avec les autres musiciens auxquels il apporte toute son attention. 
  • Rowan Pierce (Royaume-Uni) fait claquer les consonnes allemandes. Sa voix, d’abord duveteuse et presque effacée, s’affirme et livre son essence fruitée. Elle parvient à construire un phrasé effilé qui sied aux airs les plus mélancoliques. James Way (Royaume-Uni), le port altier, dispose d’une voix très caractérisée, placée dans le masque, et qu’il émet avec vigueur depuis des graves charpentés jusqu’en des aigus claironnants. Son phrasé peine cependant à s’éloigner d’un style anglais. 
  • Christophe Robert (France) s’appuie au violon sur des aigus lumineux et un jeu très stylisé, tandis qu’à ses côtés, Augusta McKay Lodge (États-Unis) distille un son plus lyrique et ancré. Non loin, Lucia Peralta (Colombie) se fait plus discrète à l’alto dont le son est moelleux. 
  • Félix Knecht (Suisse) délivre un son si riche avec son violoncelle qu’il semble retravaillé. Il est en plus porté par la profondeur des graves de la contrebasse de Joseph Carver (Etats-Unis). 
  • Serge Saitta (France) envoie des banderilles par son traverso au son clair et vigoureux. 
À lire également : Chez William Christie : c’est pas Versailles ici ?

Voilà, alors nous voulions remercier la personne qui a dit un jour à Wiliam Christie, peut-être fâché par un Haendel pas tout à fait à son goût : « ça va, tu vas pas en faire un monde ». Parce que, quand on voit le résultat…

Sur le même thème

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.

Vidêos Classykêo

Articles sponsorisés

Nos coups de cœurs

Derniers articles

Newsletter

Twitter

[custom-twitter-feeds]