DANSE – Tango After Dark débarque à la Salle Pleyel du 16 au 18 octobre, pour faire découvrir le tango argentin au public parisien.
Difficile de résister aux affiches placardées dans le métro parisien de Tango After Dark, vendu comme le nouveau phénomène mondial du tango argentin. Une invitation tentante à redécouvrir cette danse née à la fin du XIXe siècle, à l’embouchure du Río de La Plata, qui sépare l’Argentine de l’Uruguay. Le tango, aujourd’hui classé parmi les danses de salon, n’est pourtant pas né dans les beaux appartements : il a surgi dans les faubourgs miséreux de Buenos Aires comme une danse de marins et de prostituées, loin du couple de gentils retraités en quête de piment conjugal…
Bon chic
Le spectacle tente de recréer l’atmosphère des clubs à Buenos Aires avec un orchestre sur scène (monté par Ovidio Velázquez), interprétant les œuvres d’Astor Piazzolla. Dans une scénographie épurée, les sept musiciens et les deux chanteurs apportent une vraie valeur ajoutée. La musique, jouée en live, constitue indéniablement le point fort de la soirée.
Côté narration, en revanche, rien à se mettre sous la dent. Aucune histoire d’amour : les numéros techniques s’enchaînent méthodiquement les uns après les autres, comme pour montrer tout ce que les danseurs sont capables de faire. On salue évidemment les performances de Germán Cornejo et Gisela Galeassi, champions du monde et stars internationales du tango, accompagnés de huit danseurs aux performances inégales.
Bons genres
Au début, l’effet « wow » opère : haute voltige et exécution de figures complexes. Puis le spectacle tourne en boucle : numéros de couples homme-femme, quelques ensembles dont une femme entourée de plusieurs hommes. Jamais deux hommes ne dansent ensemble, jamais un homme n’est entouré par plusieurs femmes, jamais on ne sort des sentiers battus. Tout est bien rangé, saupoudré d’une virilité convenue. Côté tenues, on est encore dans le très classique : robes à paillettes longues et fendues pour elles, costumes-cravates pour eux.

Malgré quelques baisers et rapprochements sensuels, l’émotion peine à arriver. On reste dans la démonstration de performance, loin de la spontanéité et de l’esprit improvisé du tango argentin. En guise de frisson, on se contente de retenir son souffle sur quelques pirouettes, craignant qu’un danseur ne lâche sa partenaire ou qu’une jambe ne termine sa course dans la tête d’un cavalier.
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En somme, c’est sympathique. Mais après plus de deux heures de démonstration technique, on se surprend à penser qu’un épisode de Danse avec les stars aurait amplement comblé nos attentes. Quand le public se lève, on regarde autour de soi, on comprend à qui s’adresse ce Tango after Dark, et on se dit qu’il en faut pour tous les goûts… et tous les âges…


J’ai assisté à ce spectacle samedi soir à la salle Pleyel, et je trouve votre article bien sévère. Pour ma part, j’ai vécu un moment de grâce.
Le spectacle était magnifique : une parfaite alliance de technique, de virtuosité, de sensualité et d’émotion. Chaque instant semblait suspendu, chaque mouvement portait une intensité rare.
J’en suis ressortie profondément touchée et émerveillée d’avoir pu assister à une telle beauté.