FESTIVAL – Le Festival des Variations Musicales de Tannay place la transmission au cœur de sa programmation. Les étudiants des Hautes écoles de musique de Lausanne et Genève se présentent avec chacun un petit programme pensé autour de leurs instruments respectifs.
Violoncelle, harpe, accordéon, percussions : une suite inattendue qui surprend par son répertoire et la mise en avant d’instruments en solo. Chacun des interprètes invite le public à découvrir l’univers singulier de son instrument, faisant déjà preuve d’une maturité artistique remarquée.
Le premier à monter sur scène est le jeune violoncelliste Lyam Chenaux. Accompagné de son professeur Denis Severin et de ses camarades Giannis Papagiannopoulos et Mukhammadrizo Ruzmatov, réunis sous le nom d’ArtCello Quartet, il emporte le public dans l’univers le plus noble des cordes frottées. Sûr de ses intentions musicales, il séduit par la précision dans son phrasé et par un son riche et profond. L’écoute mutuelle est au centre de leur jeu : regards complices, synchronisation et nuances finement travaillées garantissent une prestation d’une grande élégance.
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La harpiste Letizia Lazzerini prend ensuite place pour révéler toute la délicatesse de son instrument avec Introduction et Variations sur des airs de la Norma de Bellini d’Elias Parish-Alvars. Son jeu allie virtuosité et finesse : doigts agiles et précis sur les ornementations ainsi qu’un rubato maîtrisé, s’adaptant à l’écriture cantabile inhérente à la pièce. Concentrée, presque absorbée par sa harpe, elle prolonge le tissé de fils invisibles dans l’air, faisant résonner un son d’une pureté cristalline.

Julien Beautemps impose d’emblée un univers bien personnel. Il joue avec le souffle de l’accordéon et siffle, imitant le chant d’un oiseau. Il enchaîne ensuite avec le brillant Don Rhapsody de Viatcheslav Semionov, où expressivité et virtuosité explosent. Gestuelle habitée, respirations accordées au soufflet, frappes rythmiques sur l’instrument : tout son corps participe avec frénésie à sa musique.

Enfin, c’est le percussionniste Shilin Li qui clôture le programme, habité, possédé par la musique qu’il produit. Sur la pointe des pieds, il semble flotter, ses gestes précis produisant des sonorités douces et profondes, comme des vagues rythmiques aux couleurs changeantes. Sa virtuosité éclate particulièrement sur sa dernière pièce Psappha (pour multipercussion) de Iannis Xenakis où fougue, rapidité et intensité électrisent la salle.

Le public, conquis, applaudit longuement ces jeunes talents et les encourage à poursuivre sur cette voie prometteuse.

