CD – Le jeune violoncelliste britannique, qui avait joué au mariage de Harry et Meghan, sort un merveilleux disque consacré à Edward Elgar, compositeur britannique très… royal.
Quand il a joué au mariage du prince Harry et Meghan en 2018, on avait souri. Sheku Kanneh-Mason était devenu le chouchou des médias et des jeunes mélomanes, attirés par sa jeunesse et sa décontraction. Il avait très bien joué la Sicilienne de Maria Theresia von Paradis (une contemporaine et amie de Mozart), un choix féminin, tendre, classique mais original… Bref, dans le décor gothique de la chapelle Saint George, avec ses chaussettes à fleurs, notre Sheku Kanneh-Mason cochait toute les cases de l’excellence comme du cool, de la jeunesse comme de la diversité positive. Un très beau coup de pub ?
A l’écoute de son deuxième album, on ne sourit plus, on frémit. Entouré du London Symphony Orchestra sous la direction du chef Sir Simon Rattle, Sheku Kanneh-Mason livre une heure d’un violoncelle poignant et profond. Au cœur de ce programme : le compositeur britannique Edward Elgar.
Humble citoyen britannique, Edward Elgar est devenu l’un des compositeurs quasi officiels de l’Empire britannique Edouardien (les années 1900 à 1910, en référence au roi Edward VII). Sa composition Pomp and Circumstance (1901-1930), et plus précisément la première marche, Land of Hope and Glory, est devenue un hymne national à côté du God save the King. S’il connaît le succès avec ses Variations Enigma (1899), Elgar a du mal à faire admettre au public son Concerto pour violoncelle (1919). Cette œuvre forte et majestueuse, est très vite gravée au disque (Elgar croit beaucoup à ce nouveau media), notamment par Pablo Casals et Mstislav Rostropovitch. Mais c’est une captation légendaire (en stéréo) qui marqua les esprits : la version de Jacqueline du Pré, the London Symphony Orchestra et Sir John Barbirolli.
Depuis les studios Abbey Road, avec ce même orchestre, Sheku Kanneh-Mason prend donc le chemin emprunté par Jacqueline du Pré et Mstislav Rostropovitch, deux de ses idoles. On retrouve chez lui, comme chez eux, ce mélange de souplesse, de poigne, un timbre chaud et passionné. À ce magnifique Concerto d’Elgar, il ajoute la Romance et Nimrod du même compositeur, des pièces envoûtantes de Ernst Bloch et de notre Gabriel Fauré national voire quelques mélodies traditionnelles. On applaudit !