AIX-EN-PROVENCE – Cette année, l’ensemble Correspondances assure la permanence baroque festival d’art lyrique d’Aix-en-Provence. Avec Combattimento, ou la théorie du cygne noir, il offre une fable symbolique, à la croisée du récital avec orchestre et de l’opéra. Un retour aux sources du genre, avec des raretés d’époque que la metteure en scène Silvia Costa habille avec un œil neuf, parfois un peu trop.
Les spectacles dits “à programme” sont très à la mode dans le monde baroque. Une façon très pratique pour des ensembles de faire découvrir des pièces rares de compositeurs, contemporains d’une époque qui ne pratiquait pas encore les grandes pièces capables à elles seules de faire spectacle.
Et comme le festival d’Aix-en-Provence est très in, il lui fallait une soirée de ce genre dans sa programmation. Avec Combattimento, il a trouvé plus qu’une bonne occasion de faire du baroque.
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Dialogues d’énergies
La trame est très bien pensée, comme d’habitude chez les chefs baroque de haut niveau comme Sébastien Daucé Du Combat à la Reconstruction, en passant par les Lamentations, ce sont trois énergies très différentes qui dialoguent pendant l’heure et demie de spectacle. À chaque fois la musique est bonne, et les chanteurs de l’ensemble Correspondances aussi.
C’est la magie baroque : être capable de produire des petits bijoux d’intimité avec une économie de moyens. Pas plus d’une quinzaine de musiciens dans la fosse, et neuf chanteurs qui alternent airs soliste et petits ensembles polyphoniques, dont un extrait du Jephté de Carissimi, vraie pièce de grâce d’un programme qui s’épanouit dans la complainte.
C’est la magie baroque : être capable de produire des petits bijoux d’intimité avec une économie de moyens.
Enchaînement de tableaux
Pourtant, Silvia Costa, la metteure en scène de Combattimento affiche dans le programme un message positif : “la recherche d’une lumière nouvelle après le manque.” On comprend bien le message sur le papier et dans l’enchaînement des pièces, mais c’est la difficulté de ce type de mise en scène : raconter une histoire sans le support d’un livret ou de personnages.
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Après un temps, le spectateur lâche un peu ce qui se déroule sur scène et ne voit plus qu’un enchaînement de tableaux, pour certains magnifiques, pour d’autres un peu plus obscurs. Comme cette scène de combat entre Tancrède et Clorinde, dans la pièce de Monteverdi, illustrée par ce qui ressemble à un examen chez l’ophtalmologue couplé d’un combat au sabre laser. Étrange…
Les voix sont incroyablement lisses et les ornementations toujours bien senties.
Les chanteurs se prêtent pourtant allègrement au jeu et livrent une très brillante performance musicale, dans le plus pur esprit du répertoire si spécifique qu’ils interprètent. Les voix sont incroyablement lisses et les ornementations toujours bien senties. Lucile Richardot se distingue, bien sûr, en bonne capitaine d’équipe d’un ensemble qui a trouvé le bon équilibre dans cet effectif réduit. En l’absence de Pygmalion (parti conquérir Bordeaux cette année), la musique baroque à Aix n’est pas en reste.
J’aime surtout la musique de chambre et l’opéra