CONCERT – Les musiciens de La Tempête se sont livrés, mercredi 7 septembre, à un exercice de reconstitution historique. Des Funérailles Imaginaires pour Charles Quint, tout droit sorties de l’esprit déjanté de leur chef, Simon-Pierre Bestion. Une cérémonie organisée dans le cadre du Festival Ravel.
Commençons par une promesse. Si La Tempête passe près de chez vous, n’appelez pas les pompiers ! Le souffle de cette bande de musiciens audacieux n’a rien d’une catastrophe. Au contraire, c’est un vent nouveau, porteur de bonnes nouvelles. Allez-y donc sans hésiter, car vous ferez à coup sûr une découverte ébouriffante…
Punk-rock Baroque
Vous ne verrez peut-être pas l’ensemble baroque le mieux léché de la scène française, et les voix que vous y entendrez ne seront peut-être pas les plus soyeuses. Mais cela n’aura rien à voir avec la qualité intrinsèque des artistes sur scène. Car les spectacles imaginés par Simon-Pierre Bestion n’ont pas pour objectif principal de jouer dans le confort d’un récital bon chic bon genre.
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Ce qui compte pour La Tempête, c’est de monter des programmes qui saisissent le public. Des créations originales qui l’embarquent par tous les moyens de scénographie possibles dans l’univers mystique de leurs créations. Avec Bomba Flamenca, ils imaginent ce qu’aurait pû être la cérémonie de funérailles que Charles Quint, empereur en déclin, a organisée pour lui-même, quelques semaines avant sa mort.
La fièvre au choeur
On parle de reconstitution d’un événement historique du siècle d’or espagnol, de polyphonies de la Renaissance et de Requiem en chant grégorien. Dit comme ça, on est d’accord, il faut avoir sacrément confiance pour pousser la porte de l’église sans redouter la sieste la plus chère de l’année. Mais malheur à nous d’avoir jugé un livre à sa couverture ! Dès les premières minutes, une fanfare à plein régime fait vibrer le sol de l’église, saisissant le public à grands coups de tambour et de cuivres. Surprise : il y a même une cornemuse ! Drôle d’ambiance pour des funérailles…
Les spectacles imaginés par Simon-Pierre Bestion n’ont pas pour objectif principal de jouer dans le confort d’un récital bon chic bon genre.
La soirée se déroule dans une scénographie faite de lumières et de fumée. On est admirateurs de ce chœur tout-terrain capable de chanter dans un air chargé d’encens, et d’emmener le public dans un voyage délirant en terre andalouse. De la sérénade murmurée par la guitare seule à la danse fiévreuse d’un flamenco archaïque. Une transe enivrante qui donne à ce Requiem des faux airs de fête des morts mexicaine. Simon-Pierre Bestion aurait-il mis quelque chose dans cet encens que le public respire ? Une chose est sûre : Bomba Flamenca est un sacré trip. Un aller simple vers l’au-delà, sans désir d’en revenir.
Le Festival Ravel se tient tous les ans à St Jean de Luz, entre fin-août et début septembre. Plus d'informations ICI