AccueilA la UneNoëmi Waysfeld fait chanter la poésie

Noëmi Waysfeld fait chanter la poésie

COMPTE-RENDU – Dans le cadre intime -même si un peu froid- de La Scala (Paris), Noëmi Waysfeld a exploré, avec finesse et intelligence, le passage de poèmes français en mélodies ou en chansons.

Sans doute vous êtes-vous déjà demandé pourquoi une mélodie de Fauré ou Debussy ne sonnait pas comme une chanson de Barbara ou Michel Sardou, alors que, dans les deux cas, il s’agit d’une mise en musique de la langue française. Cela tient principalement au fait que les mélodies sont écrites pour des voix lyriques, recherchant le vibrato et la puissance, alors que les chansons, chantées au micro, tiennent plus de la mise en valeur d’un texte. Pour autant, certaines mélodies de Fauré nous murmurent à l’oreille pendant que des chansons de Piaf lâchent les chevaux !

La femme qui murmurait à l’oreille des chevaux

La chanteuse Noëmi Waysfeld est une passeuse qui décloisonne les genres musicaux. Avec sa voix à la fois rauque et chaude, à la diction claire, micro à la main, elle croise le fado et le yiddisch, la world music et la mélodie. Son dernier programme Le temps de rêver, sous-titré De Fauré à Gainsbourg parvient à bâtir des ponts très habiles entre mélodie française et chanson française, sous-tendus par de magnifiques poèmes d’Aragon ou encore Baudelaire.


Autres filins de soutènement, indispensables à la beauté nostalgique et touchante de cette proposition musicale : les membres du quatuor Dutilleux, Guillaume Chilemme et Matthieu Handtschoewercker aux violons, David Gaillard à l’alto (et parfois au mélodica, pour un effet accordéon plus vrai que nature!) et Thomas Duran au violoncelle. À eux quatre ils viennent encorbeller la voix de Noëmi d’un fin treillage de cordes, qui aide à l’estompage des genres musicaux, entre mélodie classique et chanson de variété.

Noëmi Waysfeld, Guillaum Chilemme, Matthieu Handtschoewercker, Thomas Duran, David Gaillard
Prima la poésie

Le concert du 29 mars à La Scala (Paris) est venu confirmer ce pari réussi, qui propose en fait une magnifique mise en avant musicale de superbes poèmes, comme L’Albatros, Invitation au voyage ou Le serpent qui danse, de Charles Baudelaire, mis respectivement en musique par Ernest Chausson, Henri Duparc et Serge Gainsbourg. Mais aussi les coups de poing affectifs que sont les poèmes Est-ce ainsi que les hommes vivent et Les bijoux, de Louis Aragon, mis en résonnance par Léo Ferré. Francis Poulenc, Gabriel Fauré, Joseph Kosma ou encore Henri Sauguet se sont ainsi croisés, au service de Paul Éluard, Jacques Prévert ou encore Paul Verlaine.

À tel point qu’on laisse tomber les barrières musicales pour se laisser porter par le chemin musical proposé par les musiciens sur scène. Un chemin tendre, pudique, qui prend par l’oreille pour dire les essentiels de la vie. Et parce que Noëmi Waysfeld a la musique partageuse, elle convoque également sur scène le pianiste David Kadouch pour deux chansons (ou mélodies, on ne sait plus), au cours desquelles ses doigts perlés et profonds font merveille, ainsi que le contrebassiste Antoine Rozenbaum, compagnon indispensable de son aventure musicale.

Chose heureuse : un disque, Le temps de rêver, vient de sortir chez Sony Classical, pour prolonger cet univers musical esthétique et sensible.

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