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Entrez dans les secrets du ballet

Une initiation réussie à la danse avec les danseurs de l’Opéra de Paris, qui se sont surpassés encore une fois pour nous faire vibrer, en reprenant les passages magiques des grands ballets classiques du répertoire et en interprétant des créations plus originales et assez drôles.

Du Palais Garnier à L’Olympia, il n’y a qu’un pas… ou plutôt un 3ème étage

Les Secrets du Ballet est la nouvelle création du groupe indépendant 3ème étage, fondé en 2004 par le danseur chorégraphe Samuel Murez et composé de danseurs du Ballet de l’Opéra de Paris. Le nom de ce groupe fait référence aux loges du 3ème étage du Palais Garnier, traditionnellement réservées aux danseurs du Corps du Ballet, qui, une fois qu’ils gravissent les échelons au sein de la compagnie, descendant dans les étages. Pour interpréter ce nouveau spectacle, les danseurs ont quitté les dorures de Garnier pour danser dans le plus ancien music-hall de Paris, L’Olympia, salle mythique qui accueillit en son temps la danseuse de cancan La Goulue et l’une des pionnières de la danse moderne, Loïe Fuller.

Un spectacle secret pour redécouvrir les classiques sous un autre jour

Avec la formation de ce groupe, l’idée de Samuel Murez est de revisiter certains « hits » du répertoire classique et contemporain en les décortiquant, les illustrant et les expliquant aux néophytes. L’objectif est de ne laisser aucun spectateur sur le carreau et de s’adresser aussi bien au jeune et grand public mais aussi au public averti. Le programme de Secrets, comme son nom l’indique, est secret, mais la « feuille de salle », distribuée juste avant le début du spectacle, indique que l’on va assister à un spectacle de danse « équilibré ». On peut donc s’attendre à un savoureux mélange de danses qui exploitent la pleine capacité des interprètes sur des œuvres classiques connues avec des œuvres contemporaines moins connues. Et bien sûr, ce spectacle se clôturera sur une section finale dynamique et brillante.

Une brève introduction de l’histoire de la danse

L’introduction commence alors par une petite histoire rapide de la danse qui nous rappelle que nous devons l’essor de la « belle danse » ou « danse baroque » à notre très cher Roi Soleil Louis XIV (interprété par François Alu), avec ses entrechats, qui créa l’académie royale de danse. Et oui, la danse baroque est bien l’ancêtre de la danse classique et l’on retrouve le nom des positions (première, seconde, troisième … huitième) et le nom des pas (pas de bourrée, jeté, cabriole…). Nous assistons alors à un cours de danse didactique où tous ces pas sont décortiqués devant nos yeux. Une petite mise en bouche pour mieux comprendre la suite et ne pas laisser sur le côté les néophytes de la danse classique.

En première partie, trois morceaux de choix des ballets classiques de Noureev
Rudolf Noureev © Getty – ullstein bild

Rudof Noureev, danseur et chorégraphe fameux, considérait que La Belle au bois dormant, de Tchaïkovski, comme le « Ballet des ballets », véritable chef d’œuvre malheureusement trop peu souvent joué à l’Opéra. Rappelez-vous que les dernières représentations de ce ballet mythique ont eu lieu il y a presque dix ans à l’Opéra Bastille. Mais pour notre plus grand bonheur, ce soir, nous avons droit à un extrait interprété par le premier danseur Francesco Mura en Prince convaincant et par une Aurore gracieuse et pétillante – Luna Peigné.

Puis, fini les tutu, bienvenue aux robes fluides, avec un extrait de Roméo & Juliette, de Prokoviev. Cet extrait est une scène d’une grande intimité, un passage clé du ballet mythique de Noureev. Ils sont beaux et jeunes et ils se sont vus une seule fois. Roméo débarque alors dans le jardin de Juliette pour tenter de l’approcher. Ils se reconnaissent et tentent de s’apprivoiser, ce qui donne naissance à l’un des plus beaux duos d’intimité de la danse classique. Lucie Devignes interprète une Juliette avec une grâce infinie, passant d’une jeune fille délicate et innocente à une femme amoureuse et passionnée. Elle mène la danse et Roméo du bout du nez, formidablement interprété par Florent Mélac. Ce Roméo lui laisse prendre des initiatives et est loin du prince qui va venir la couvrir de baisers. Cet extrait choisi d’une grande modernité souligne bien qu’ils sont sur un pied d’égalité. 

Une première partie clôturée en beauté par un extrait de Don Quichotte, de Minkus, l’un des ballets les plus techniques du répertoire. Pour cet extrait, il fallait bien choisir les deux étoiles : la très délicate et brillante Sae-Eun Park dans le rôle de Kitri et François Alu dans celui de Basilio. Basilio a une saveur particulière pour François Alu. En effet Basilio a été son premier grand rôle en 2012, un rôle sur lequel il aurait dû être nommé étoile quelques années plus tard et où littéralement il excelle. Ce soir, il nous prouve encore une fois que, malgré sa démission de l’Opéra, il n’a pas renoncé à la danse classique et qu’il est toujours capable de danser avec brio l’un des rôles les plus techniques du répertoire. Quelle énergie ! Quelle force technique !

Une deuxième partie hilarante qui bouscule les codes de la danse

La deuxième partie propose certaines créations originales de Samuel Murez et est plus surprenante, avec l’humour comme fil conducteur. Elle casse les codes de la danse avec une approche décalée en élevant la danse classique au rang d’art populaire. Nous pensons notamment à Quatre, une des pièces phares du 3ème étage, où quatre beaux garçons font les beaux et se défient avec humour en effectuant des prouesses techniques lors d’un cours de danse. Aurélien Gay, Théo Ghilbert, Rubens Simon et Milo Avêque s’appliquent avec rigueur et technique sans jamais se prendre au sérieux, grâce à leurs pantomimes très expressives. Ils nous font rire tout en dansant et se défiant. Mention spéciale à Aurélien Gay, qui se révèle un séducteur hors pair en allant directement piocher sa promise dans le public. Il y a aussi la pièce Chaconne, un duo puissant, celui d’un couple qui se déchire et se réconcilie, ou encore la pièce Processes of Intricacy, qui nous fait découvrir l’envers du décor, quand les danseurs galèrent à cause des indications des techniciens pour la scénographie et l’éclairage. Ils transpirent à grosses gouttes et respirent bruyamment. La vie de danseur n’est pas de tout repos ! La deuxième partie se clôture avec brio sur un exercice de style, Variations Paganini. Enfin pas vraiment, c’est un faux final car il y a un bis qui se transforme en un one man show hilarant entre François Alu et Chun-Wing Lam. Mais on ne vous en dira pas plus.

Pour conclure, Les secrets du Ballet est une soirée réussie, qui a permis d’initier les néophytes à la danse classique, aux experts de jubiler devant certaines prouesses techniques et aux petits de décoder un ballet avec un langage simplifié. Cette réussite, on la doit surtout aux danseurs de l’Opéra, qui, en sortant du cadre du Palais Garnier, dans un esprit bon enfant, ont livré une performance exceptionnelle entre danse, théâtre et mime et ont prouvé qu’ils avaient pas mal de cordes à leurs arcs en plus de la danse. Le public les a récompensé par une pluie d’applaudissements et de tapage de pieds.

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