CONCERT – À l’occasion de la sortie de son tout premier enregistrement en solo aux éditions Seulétoile, la violoncelliste Hager Hanana partage son émerveillement pour le violoncelle piccolo lors d’un récital parisien, au Temple du Foyer de l’âme.
Violoncelle Piccolo : késako ?
Le violoncelle piccolo est un instrument qui fascine : doté d’une cinquième corde aigüe, il possède une tension expressive superbement équilibrée par des graves chauds et profonds. La palette de timbres ainsi offerte a particulièrement été apprécié par Johann Sebastian Bach qui l’a sollicité pour plusieurs de ses cantates. C’est sans doute pour cet instrument qu’il a également composé la Suite pour violoncelle n°6 BWV 1012. Ayant en commun cette admiration pour le jeu sur violoncelle piccolo, qui permet d’atteindre toute la subtilité véritablement spirituelle de l’œuvre de Bach, Hager Hanana a imaginé un programme d’une fine intelligence.
Suivez la guide !
Proposant d’abord des arrangements particulièrement bien pensés d’œuvres pour d’autres instruments à cordes, la musicienne a conçu une promenade musicale pertinente quant aux tonalités : des couleurs caressantes et intimes du ré mineur du Prélude pour luth de Sylvius Leopold Weiss ou des Solos pour viole de gambe de Carl Friedrich Abel, l’Allemande pour luth de Weiss en la mineur introduit avec subtilité et évidence la Suite pour violoncelle de Bach. Composé en ré majeur, elle apparaît alors dans toute sa lumière. Une lumière naturelle et chaude, comme celle qui éclaire l’intime Temple protestant du Foyer de l’âme par sa grande verrière. Seul un discret spot met en valeur la musicienne, seule face au public sans aucun obstacle pour un partage agréablement intime. Pour clore ce moment hors du temps, Hager Hanana offre la sublime Passacaglia pour violon de Heinrich Ignaz Franz von Biber, summum des très spirituelles Sonates du Rosaire.
Ça a l’air si facile…
Si cette ballade pour un violoncelle piccolo – titre de l’enregistrement et du programme – est un temps si précieux, c’est parce que la technique de Hager Hanana n’appelle qu’admiration : sa sensibilité s’offre dans chacun de ses phrasés et de ses nuances, fins et affirmés à la fois. Le timbre contrasté de son instrument, tantôt tendrement chaleureux, tantôt intensément expressif par une légère et agréable âpreté, se fait pleinement serviteur de la musique. L’archet de la musicienne se montre d’ailleurs sûr et pourtant souple, manifeste d’un sens aigu du souffle, essentiel dans la conduite des phrasés. L’agilité se fait évidence, bien que l’on ne puisse douter de la difficulté de ces œuvres.
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Musicalement et physiquement épuisée par ce programme dans lequel elle se donne corps et âme, Hager Hanana ne perd néanmoins pas la douceur de sa présence et la tendresse son sourire pour remercier son public chaleureux, qui accepte avec grande compréhension son refus d’un bis qui n’aurait pas été à propos.