FESTIVAL – Les solistes des Musiciens du Louvre, sous la direction de la violoniste Alice Piérot, propose un voyage musical autour du compositeur Georg Friedrich Handel, imaginé par le claviériste Yoann Moulin, en l’église Notre-Dame de Saint-Lupicien, dans le cadre du Festival de musique baroque du Jura.
Haendel : kicéça ?
Georg Friedrich Handel est un compositeur à la vie fascinante. Né en Allemagne, formé en Italie et ayant fait carrière en Angleterre, sa curiosité et ses talents l’ont fait rencontrer un grand nombre de musiciens qui l’ont fortement marqué. Ce sont ces différentes inspirations qui ont justement inspiré le jeune et sympathique claveciniste Yoann Moulin pour le programme de ce soir. Portée par ses collègues solistes des Musiciens du Louvre, ensemble fondé par Marc Minkowski, cette carte blanche est proposée au public du second week-end du Festival de musique baroque du Jura, en l’église romane Notre-Dame de Saint-Lupicien.
Haendel, du coq à l’âme
Se voulant « drôle avec des interludes, notamment intimes, et des anecdotes », pour reprendre la brève présentation du claveciniste, le programme de ce soir est assez diverse, à l’image des rencontres diverses de Haendel lors de ces périples. Ce fil conducteur pourrait sembler un rien risqué, offrant des changements assez brusques entre styles et humeurs bien différents les uns des autres. C’est ainsi qu’à peine entré dans le charmant duo des deux violons, le bien nommé Gratioso extrait de la Sonata à deux dessus sans basse en mi mineur de Telemann, le staccato sautillant de la Bourée du Water Music de Haendel nous en sort brièvement pour retomber dans le pathos de l’Adagio de la Sonata a quattro de Corelli.
Malgré cette difficulté de se laisser porter par la cohérence du programme, la complicité et l’élan des musiciens séduisent l’auditeur. L’acoustique généreuse de l’église est sans doute un handicap qui, parfois, se laisse deviner, notamment lors des premières mesures de l’Andante de la Sonate en trio en ut mineur de Haendel, ou quelques imperfections d’équilibre lors de passages en contrepoint. Néanmoins, l’énergie équilibrée de la première violon, Alice Piérot, parvient à proposer des phrasés caressants avec un sens prononcé pour le dramatisme, grâce à des contrastes efficients et une conduite vivante. Yoann Moulin interprète en solo deux extraits de pièces pour clavecin, montrant ainsi son attention sensible à la mélodie soutenue par le timbre clair de son instrument, malgré quelques traits un rien savonné et une main droite un rien raide, quoique cet aspect un peu ternaire de l’accompagnement en doubles puisse être volontaire.
Le public applaudit avec reconnaissance ce concert à la redécouverte de Handel, recevant en bis une joyeuse et dansante bourée de Georg Muffat.