FESTIVAL – Le Festival de musique baroque du Jura s’invite dans le beau Musée de l’Abbaye de Saint-Claude pour une visite insolite en compagnie du poète et compositeur Jacques Rebotier. Une déambulation teintée d’humour, d’impertinence et d’engagement, en lien avec l’exposition « Humain-Animal, se reconnaître ».
Riche des œuvres créées et collectionnées de Guy Bardone et René Genis, le Musée de l’Abbaye du Haut-Jura Saint-Claude propose une exposition « Humain-Animal, se reconnaître ». Créant, grâce aux peintures et objets d’art, un dialogue entre la bête et l’homme, le musée se veut interroger notre relation avec l’animalité et les espaces que nous partageons avec lui.
Le bestiaire humain de Jacques Rebotier
Dans le cadre du Festival de musique baroque du Jura, les œuvres exposées trouvent une résonnance par les mots et la performance musicale grâce à une visite insolite menée par le poète et compositeur Jacques Robotier, en compagnie du corniste Thomas Harrison. Auteur de La Description de l’omme : encyclopédie, l’écrivain partage ses textes en dialogue avec les œuvres et les visiteurs, les interrogeant avec un malin plaisir des mots et l’impertinence de ses brèves musicales pour instrument soliste. C’est ainsi que Thomas Harrison interprète avec brio « Pourquoi tu m’aimes plus », mêlant déclamation hors et au-dedans de son instrument, en face de l’œuvre imposante Sans titre (Large Man) de Tom Claassen. Intrigante est également la brève n°22 « La lettre S » pour serpent – instrument à vent dont la copie est gracieusement prêtée par la Philharmonie de la musique –, inspirée en partie par un extrait du Champ fleury de Geoffroy Tory, étonnant et fascinant traité de typographie du XVIe siècle. La brève n°19 pour cor des alpes « Reviens ! » accompagne la mise en dialogue proposée dans une salle entre Guy Bardone et René Génis, donateurs principaux des œuvres du musée.
Pas si bête !
Défenseur engagé de l’écologie depuis de nombreuses années, Jacques Robotier use de sarcasme, avec une malice non dissimulée, pour dénoncer l’action écocide de l’humanité. C’est justement le propre de son Contre les bêtes qu’il lit à haute voix – malgré une fatigue vocale – le lendemain en plein air, sur le rocher qui surplombe la charmante chapelle Saint-Romain. Prologue à La Description de l’omme, ce pamphlet dénonçant l’hégémonie humaine ferait rire s’il n’était pas si proche de la réalité. Amoureux du son et du sens, le poète-compositeur joue avec les mots comme il joue avec les sons et le rythme.
Les mots et les brèves de Jacques Robotier interrogent sur nos actions, nos hypocrisies et nos illusions, en s’incluant lui-même comme membre de cette espèce. Loin d’être être une leçon de morale, une leçon… d’humanisme en plein cœur de la nature jurassienne.
