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Nouveau Monde dans Vieilles Pierres

FESTIVAL – Le 57ème festival de la Chaise-Dieu, fondé en 1966 par Georges Cziffra, est aussi la première édition programmée par son nouveau directeur général Boris Blanco, qui prend ainsi la suite de Julien Caron. Le festival a donc nommé successivement deux très jeunes directeurs : Julien Caron avait 26 ans lorsqu’il a été nommé, Boris Blanco en a 29. Ce pari de la jeunesse fait merveille dans ce haut plateau casadéen où la programmation de Boris Blanco s’inscrit avec intelligence dans l’histoire riche et variée du festival de la Chaise Dieu.

L’abbatiale St Robert se prépare à accueillir l’ONPL © Benoît Daldin

On retrouve bien sur dans cette édition la prédominance de la musique sacrée, ADN du festival dont on oublie parfois qu’il lui a été imposé par le lieu des concerts,- la superbe abbatiale St Robert – et par le clergé qui a voulu dans les années 70 recentrer les programmes des concerts dans ses églises vers un répertoire exclusivement sacré. Or, ce festival a d ‘abord été celui de la musique française, servi par les grands solistes et chefs d’orchestre français et internationaux, sans oublier les récitals du grand Georges Cziffra lui-même, deux axes qui se retrouvent également dans la programmation de cette édition. 

100% symphonique

Ce 25 aout voyait la première invitation au festival de l’Orchestre national des pays de la Loire, sous la direction de leur tout nouveau directeur musical, Sascha Goetzel. Le programme, idéal pour les amateurs de musique symphonique, voyait  l’ouverture de Ruslan et Lyudmila de Glinka précéder l’Oiseau de Feu de Stravinsky (Sascha Goetzel a choisit de donner la Suite de 1919 réalisée par Stravinsky lui-même pour répondre à l’immense succès du ballet éponyme créé à l’Opéra de Paris  en 1910 par les Ballets Russes). En deuxième partie, la célèbre Symphonie n°9, dite « du Nouveau Monde » de Dvorak rencontra le succès jamais démenti auprès du public casadéen. 

À lire également : Oiseau de feu paré au décollage !

Sascha Goetzel fait partie de ces chefs d’orchestre dont on sait, dès les premières mesures, qu’il existe une entente et une osmose avec ses musiciens. L’Ouverture de Glinka, monument d’énergie et de virtuosité orchestral, est totalement maitrisée. On sent l’électricité de la direction du chef circuler entre les pupitres de l’ONPL et le succès public est spontané. 

Haut-vol

La difficulté du programme vient peut-être de la Suite de l’Oiseau de Feu, une pièce certes connue des orchestres car souvent programmée mais qui reste tout de même un morceau de bravoure, tant dans la mise en place globale (les rythmes endiablés de la « Danse infernale de Kashchei »  sont redoutables) que dans les moments intimes et les solos sublimes (notamment le hautbois dans la « Ronde des princesses » ou le basson dans la « Berceuse »).  La direction de Sascha Goetzel transcende toutes ces difficultés avec une aisance et un charisme évidents, sans jamais oublier la musicalité. L’orchestre répond au quart de tour à son chef. Les solistes font merveilles chacun dans leurs parties et c’est un Stravinsky de haut vol qui est offert au public ce soir, qui ne s’y trompe pas en réservant une ovation au chef et à l’orchestre. 

Un Nouveau Monde haut en couleurs

Toutes ces qualités vont se retrouver dans la pièce maitresse du programme : la Symphonie du Nouveau monde de Dvorak. Ecrite en 1893 lors de son séjour aux Etats-Unis, elle fait partie des symphonies les plus célèbres et jouées du répertoire. Ceci s’explique notamment par des thèmes inoubliables (inspirés des musiques des amérindiens, d’où son titre) et à des développements d’une qualité d’écriture et d’orchestration qui en ont fait un succès public immédiat et jamais démenti depuis.  Le festival de la Chaise-Dieu a souvent programmé cette œuvre, elle a rarement été aussi bien interprétée. Malgré quelques rares décalages, c’est un orchestre chauffé à blanc qui prend un plaisir évident à jouer cette œuvre dans un lieu aussi impressionnant. L’acoustique riche et réverbérante de l’Abbatiale Saint Robert se prête bien aux contrastes de cette musique. Les solistes sont tous formidables, le cor anglais dans le fameux thème du second mouvement est parfait d’émotion et de musicalité. 

Le chef sur écran géant, pour le public du fond de l’église © Benoît Daldin

Sascha Goetzel prend le temps de faire ressortir les joyaux de l’orchestration de Dvorak : le court duo violin I/violoncelle à la fin du second mouvement a rarement été aussi mis en avant et détaillé, comme une respiration intimiste au milieu de cette grande symphonie. Le dernier mouvement, au thème héroïque exposé aux cors et distribué ensuite à tout l’orchestre, est joué comme un souffle épique et clot une version de haut vol d’une symphonie pourtant très souvent donnée en concert. L’accueil public plus que chaleureux confirme que cette soirée fut l’un des temps forts du festival. 

Un festival à qui l’on souhaite encore une longue vie dans ce lieu unique et avec une programmation aussi riche et variée. 

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