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Entente cordiale franco-roumaine

CONCERT – Le Festival Enescu de Bucarest invite l’Orchestre National du Capitole de Toulouse pour un concert au programme franco-roumain (Enescu, Chausson, Ravel, Saint-Saëns), avec un chœur et chef roumains (Christian Badea au pupitre) et un orchestre et soliste français (Renaud Capuçon au violon).

Bien cordialement

En cette période post Brexit, on se rend compte des autres ententes cordiales et amicales, un peu oubliées ces derniers temps, politiquement et socialement agités. Si on détourne regard de l’Outre-Manche, c’est pour le diriger vers Outre-Carpates, vers la Roumanie qui a généreusement donné ses meilleurs enfants à la France et au monde. Souvenons-nous du sculpteur Brancusi, du philosophe Cioran, de l’anthropologue Mircea Eliade, du l’auteur Ionesco, des compositeur Georges Enesco et Vladimir Cosma ! Si peu de Français notables ont habité les terres roumaines, aujourd’hui on “paye” notre dette en exportant nos meilleurs produits musicaux, des musiciens et chanteurs qui se présentent nombreux et assidus au Festival Enescu de Bucarest. Cette coopération de proximité s’est fortifiée au cours des dernières années, couronnée en 2019 lorsqu’on marquait la saison franco-roumaine dans le domaine culturel, sous le haut patronage des deux présidents des deux pays. Et symboliquement, cette 26e édition du Festival en 2023 est la première pour le nouveau directeur artistique Cristian Măcelaru, le chef d’orchestre roumain qui est également le directeur musical de l’Orchestre national de France. 

Un roumain à Paris
George Enesco ©DR

Les liens musicaux des deux pays sont figurés par la personne d’Enesco, le compositeur mort et inhumé à Paris, où il vécu presque un demi-siècle, depuis son arrivée dans la capitale française à 14 ans pour ses études au Conservatoire. Aujourd’hui, un concours de chant Enesco est organisé à Paris (dans la belle Salle Byzantine de l’Ambassade de Roumanie), alors que Bucarest accueille les concours de violon, violoncelle, piano et composition. En ce début de Festival Enescu 2023, un concert réunit les musiciens des deux pays, notamment l’Orchestre national du Capitole de Toulouse et le Chœur de la Radio roumaine, dirigé par le chef roumain Christian Badea. Comme le veut la coutume, une œuvre d’Enesco est obligatoire au programme, permettant au public local et international de redécouvrir les chef-d’œuvres oubliés du compositeur et violoniste roumano-parisien. Cette fois, c’est le poème symphonique Isis pour orchestre et chœur féminin (complété par Pascal Bentoiu) qui est à l’affiche. 

Isis, kesako ?
En coulisses, les cuivres se préparent à flamber… © Cristina Tanase

Ce poème composé en 1923 porte des fortes influences de l’impressionnisme français, Debussy, Ravel et encore Stravinski, les plus forts courants musicaux parisiens de son époque. Les arpèges délicatement pincés de la harpe nous transportent doucement dans un univers onirique. Le son quelque peu ambiental est coloré par les voix de femmes qui chantent une mélodie sans textes et d’un ambitus plutôt modeste, en justesse et en entente avec l’orchestre, quoique sans trop de délicatesse. L’Orchestre du Capitole entonne la Troisième symphonie de Saint-Saëns, dite « avec orgue », avec quelques imprécisions rythmiques au démarrage, mais très vite raccommodées. Le son est compact et romantique, avec une projection puissante des cuivres, la masse de l’ensemble qui galope avec l’énergie et ardeur. Les cordes sont à la fois tendres et souples, harmonieusement alignées dans les passages rapides et virtuoses, tout comme le piano dont les qualités techniques sont mises en lumière. Dans un ton bien rythmé, choral et solennel – l’Orchestre termine la soirée en apothéose.

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Un français à Bucarest

Si la nouvelle production d’Oedipe mise en scène par Stefano Poda n’a malheureusement pas pu ouvrir la présente édition, c’est au violoncelliste Gautier Capuçon qu’est revenu cet honneur, aux côtés de l’Orchestre philharmonique George Enescu, bien évidemment. Et comme le dit un bon vieux dicton français : “Jamais un Capuçon sans deux”, voilà Renaud quelques jours plus tard, représentant fièrement la France en Roumanie, non pas avec une baguette sous le bras, mais avec son Guarnerius sous le menton. A l’instar de son double concerto à Evian, il interprète ce soir un double programme pour violon et orchestre : le Poème de Chausson (op.25) et la rhapsodie (à la hongroise) nommée Tzigane, de Maurice Ravel. Le timbre de son instrument, si particulier et quelque peu sombre, marque les esprits dès la première note. Même si sa sensibilité musicale est peut-être trop élégante pour une musique à la tzigane, il fait preuve malgré tout d’un bon sens du rythme, même lorsque les accents basculent vers l’orientalisme. La technicité du jeu est immense, avec un legato succulent, des ornements flamboyants mais délicats, et la ligne mélodieuse bien accordée avec différentes sections orchestrales. 

Christian Badea à la tête de l’ORchestre National du Capitole à Toulouse © Cristina Tanase

La soirée finit avec un bis de Renaud Capuçon, jouant la Méditation de Thaïs à fleur de peau, avec beaucoup de finesse et maîtrise dans les nuances. Alors que les rugbymen roumains sont accueillis chez nous, les musiciens français ont fait le voyage inverse !

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