AccueilA la UneJean-Frédéric Neuburger : la cerise sur le gâteau du Festival Ravel

Jean-Frédéric Neuburger : la cerise sur le gâteau du Festival Ravel

CONCERT – Ancien de l’académie du festival Ravel, Jean-Frédéric Neuburger fait son retour au Pays Basque, pour un récital de piano dans l’église Saint-Fructueux d’Itxassou. Au programme : Ravel, bien sûr, avec le Tombeau de Couperin et Gaspard de la Nuit, mais aussi deux créations contemporaines de Michael Jarrell et du jeune Vincent Portes, lauréat de la classe de composition.

Comme la veille avec l’orchestre de l’Opéra de Paris dans l’église de Saint-Jean-de-Luz, le public a pu apprécier le cadre de choix. Pittoresque, avec ses galeries en bois sur quatre étages, l’église de Saint-Fructueux dans le petit village d’Itxassou (célèbre pour sa production de cerises noires) offrent des conditions d’écoute idéales. Le son n’est pas répercuté par la pierre. Au contraire, il résonne dans une atmosphère feutrée, intime, presque naturelle. Le village et les monts alentour participent bien sûr au charme du lieu.

Itxassou, petite perle des Pyrénées, ou cerise sur le gâteau basque… ©DR
Ravel goes baroque

Discret, voire timoré face au public, Jean-Frédéric Neuburger trouve ses aises au piano. Son interprétation du Tombeau de Couperin est saisissante de virtuosité, dévalant les mordants à la manière d’un clavecin, tantôt souples, tantôt heurtés et hoquetés. Il en souligne les motifs obsédants, dans un va-et-vient cadencé. Un peu plus de sensibilité se fait entendre sur le Menuet, où la main semble imiter des accents de voix chantée. Sur la Toccata, il pose une dialectique en contraste, sans pour autant verser dans le figuralisme. Du reste, son jeu déverse une sorte d’envoutement mécanique qui frôle l’abstraction. Inhabituelle pour Ravel, mais convaincante car habilement exécutée, son interprétation a quelque chose de cérébral, dans le bon sens du terme : donnant à entendre un cheminement intérieur captivant hors de la temporalité, où les idées s’incarnent comme des rouages.

Gaspard au sommet

L’impression n’est pas tout à fait la même sur le Gaspard de la Nuit dont l’écriture, reprenant les poèmes d’Aloysius Bertrand, imite davantage la nature. Dans un dramatisme saisissant, Jean-Frédéric Neuburger excelle à mettre en place des images dès les premières mesures. On entend bien les arpèges aquatiques sur « Ondine ». Sur « le Pendu », la mélodie est comme suspendue à l’ostinato de si-bémol, sec, imperturbable. Et que dire de l’évocation du gnome « Scarbo », surgissant dans un rire diabolique ? Mais très vite, le tableau se délite. Le jeu retombe dans ce mouvement hypnotique. L’interprète semble en état de transe, en sueur sur ses touches. L’écoute est exigeante : si l’attention a le malheur de faire un pas de côté, on ne raccroche plus. Reste à admirer l’impressionnante virtuosité de l’interprète.

Content, pas pour rien !

Cette virtuosité trouve toute sa place dans le répertoire contemporain, sur deux pièces à l’exécution redoutablement difficile. La première, de Michael Jarrel, explore diverses textures sonores, avec des grondements sourds dans l’extrême grave maintenu à la pédale, des motifs répétés de manière obsessionnelle se décalant peu à peu. La seconde, de Vincent Portes (il s’agissait d’une création mondiale), cherche à imiter un effet de zoom photographique, d’abord dans un enchaînement d’accords griffés sur le piano, puis des notes piquées dans un babillement atonal avant d’aller déposer un miroitement d’aigus cristallins. L’interprête varie avec brio les timbres, les attaques, dans une fougue enfiévrée et pourtant méticuleuse.

À lire également : La playlist classique de Jean-Frédéric Neuburger

Au sortir du concert, un spectateur salue la prouesse du pianiste du qualificatif : « l’homme qui peut tout jouer ». Il est vrai qu’aucune difficulté technique ne semble hors de sa portée.

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