COMPTE-RENDU – Invités pour le deuxième concert du Festival des Tourelles 2023 à Belfort, Nicolas Folmer et Emil Spanyi investissent la scène de la salle des fêtes pour interpréter des chansons de Michel Legrand.
La nuit est désormais bien tombée pour cette deuxième partie de soirée. Du fait d’un buffet apéritif ainsi que d’une dégustation de grands crus qui s’étaient un peu éternisés en sous-sol (concept développé par le Festival des Tourelles entre deux concerts), le concert jazz débute avec un retard raisonnable. L’ambiance développée ici se rapproche du piano bar, ou du moins d’un concert mêlant musiques et présentations de Nicolas Folmer, agrémentées d’anecdotes.
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Quand Legrand donne de l’énergie à Folmer
Des anecdotes, le jazzman Nicolas Folmer en a à raconter. Ayant rencontré Michel Legrand il y a 15 ans, donnant lieu à des concerts et enregistrements, il présente les chansons telles que How do you keep the Music Playing? Ou What are you doing the rest of your life? en y mêlant des anecdotes sur leur genèse, sur la carrière américaine de Michel Legrand, sur le fait qu’il a contribué à la carrière de Claude Nougaro sur la scène musicale française… Une forme de complicité avec le public se ressent, et d’ailleurs aux vues des réactions, certaines personnes connaissaient déjà bien ce répertoire !
Emil ne ramène pas la pluie à Belfort
Avec son camarade de jeu, le pianiste Emil Spanyi, le chanteur et trompettiste Nicolas Folmer assure un spectacle varié de sonorités, de rythmes et de jeux. Le show se compose d’une introduction au piano, plus ou moins longue (et soit dit en passant plus elle est sciemment longue, plus cela fait sourire à la fois le chanteur et le public), puis du départ du thème, soit au chant (dans un anglais à l’accent français, ou en français), soit au bugle, soit à la trompette. Puis, une improvisation sur ce thème et, le plus souvent, une courte conclusion au piano dans une ambiance calme formant la fin de chaque cycle. Entre chaque chanson, une présentation est donnée au micro par Nicolas Folmer, qui va jusqu’à taquiner un peu son pianiste en lui demandant d’improviser une ambiance musicale correspondant à des phrases qu’il lance telles « il pleut à Belfort » et « il pleut à Paris » (un peu plus fort). La dimension didactique est au rendez-vous, et le concert peut plaire aussi bien aux connaisseurs, qu’aux novices absolus des concerts de jazz.
Quand Nicolas chante Michel
Hommage à Michel Legrand disparu depuis 4 ans, ce concert n’a pourtant rien de triste. La musique qui en surgit est un parcours variant les styles de jazz, les époques et les lieux. L’oreille du public entend cette voix de Nicolas Folmer, sans vibrato, et très juste sur ces hauteurs de notes, pensant parfois – soyons fous – aux roulements de « r » de Claude Nougaro, que discrètement et avec parcimonie, il parvient à reproduire. Assez étrangement, dans la chanson Don Juan, c’est la voix de Dany Brillant qui apparaît en filigrane, surtout dans ses aigus chantés.
De ce concert aux allures généreuses, le public, visiblement et audiblement satisfait, applaudit ce voyage musical obligeant le duo à jouer en bis Un été 42, autre grand standard de Michel Legrand à (re-)découvrir.