CINÉ-CONCERT – Trois ans après la sortie de la Bande-Originale de Kaamelott, premier volet, les orchestres des grandes villes de France s’emparent de la partition signée Alexandre Astier pour une tournée de ciné-concerts ; une tounée qui passait par Bordeaux, le 11 octobre.
La patience est un plat qui se mange sans sauce
Ils en avaient gros… En 2020, après plus de 10 ans d’attente fébrile, les fans de Kaamelott, qui s’étaient lassés de regarder en boucle leurs épisodes préférés sur une chaîne de la lointaine TNT le lundi soir, avaient enfin du grain à moudre avec la publication, par le très glorieux et vintage label Deutsche Grammophon d’un coffret disque de la bande originale, qui donnait un aperçu du très attendu KV1 (Kaamelot, premier volet). Alexandre Astier nous offrait le graal pour le prix d’un CD… ou d’un bocal d’anchois !
Instrumentiste et compositeur de formation, celui qui règle la comédie comme du papier à musique avait frappé un grand coup, en faisant enregistrer sa B.O, non pas par un orchestre low-cost comme d’habitude dans le cinéma, mais par l’Orchestre National de Lyon, sa ville natale. De quoi clouer le bec aux sceptiques qui ne le prennaient pas au sérieux.
Boom ! La duchesse d’Aquitaine !
Alors évidement, quand s’annonçait une tournée de ciné-concert Kaamelott, les mêmes fans qui avaient fait la queue devant les cinémas se sont rués sur les places. L’occasion de voir l’orchestre de leur ville crever l’écran pour passer au premier plan, dans le même genre de salle modèle géant qui accueille les Seigneur des Anneaux, Harry Potter, Johnny Symphonique Tour et autres super-productions très bankable : Nantes, Lyon, Bordeaux, Lille, Paris, Strasbourg. À Bordeaux, c’est à l’ARKEA Arena que ça s’est passé, avec l’Orchestre National Bordeaux Aquitaine comme interprète.
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Donne un coup de tut-tut toi !
Au-delà d’être une bande-son, cette partition a une vraie valeur (c’est ce qui compte), et pas seulement pour les fans. Plus qu’un appel de cors au début de chaque épisode, la musique prend beaucoup de place chez Alexandre Astier, et raconte au moins aussi bien qu’une ligne de dialogue. Un cymbalum magique qui a le double effet d’ouvrir les flash-back comme une harpe dans un sitcom et de nous plonger dans la Maurétanie césarienne, l’usage très « John-williamsesque » (oui, on invente des mots) du leitmotiv, l’association des timbres d’orchestre pour coller aux paysages, les mesures irrégulières de nos cher burgondes (7/8, pour les moins tsoin-tsoin de nos lecteurs) : tout fait de cette bande-son un miroir souterrain (parce que c’est classe), où se joue une partie du drame, dans le feutré. La musique chez not’ bon roi c’est un peu comme la Dame du Lac : il n’ya que lui qui peut la voir, mais elle dirige les opérations. Sur un autre plan (agricole probablement)…
Apparition inexpliquée
Après deux heures d’un ciné-concert qui nous fait voir le film sous un autre angle, où l’imposant le dispute à la majesté, où l’orchestre réglé au poil de c** par un chef-ballistère venu, non pas de Thessalonique, mais d’Allemagne (Franck Strobel), c’est not’ bon roi qui vient saluer en personne, pour expliquer à quel point c’était important pour lui de faire entendre cette musique « en live ». « C’est toujours un peu intimidant de venir saluer à la fin d’une soirée où on a rien br***lé », dit-il pour nous faire rigoler. Et pour nous faire saliver, il annonce que pour voir le ciné-concert de KV2, il faudra réserver deux soirées. On s’en doutait un peu, et on avait déjà prévu d’y être…
PS : Combien de citations (directes ou indirectes) se cachent dans cet article ? Indice : c’est cinq de plus que le nombre d’orteils qu’avait Karadoc à sa naissance…