DANSE – Le festival RomaEuropa investit cette fois le théâtre Vascello pour la première mondiale de Karrasekare, par les chorégraphes Igor Urzelai et Moreno Solinas. La pièce poursuivra sa tournée en Italie, au Royaume-Uni puis à Paris, au Théâtre de la Ville, en mai prochain. Si la note d’intention évoque un carnaval, on assiste plutôt à un mauvais rêve : les images s’enchaînent sans qu’on comprenne forcément leur sens, même si quelques-unes sortent du lot.
Le sol comme principal décor
Dès l’entrée en salle le décor est apparent : un sol très beau, en relief, comme celui de la lune. Lorsque le voile noir est enlevé on le découvre sous un aspect bien plus plastique. Cette bâche sera ensuite mise en boule et montée dans les airs. De là on aura peur qu’elle explose, vu la musique crescendo, mais ce ne sera qu’une petite pluie qui tombera sur ce tas énorme.
Des costumes évolutifs
La nudité est omniprésente. Un homme descend nu des gradins pour rejoindre le plateau. Lorsqu’il passe derrière le voile de scène c’est une femme qui apparait pour le remplacer. Elle marche nue aussi, mais avec des après-ski sonorisés. On se croirait dans un film futuriste ! Les costumes sont d’apparence simple : des vêtements noirs. Mais très vite des accessoires leur sont ajoutés : un chapeau, une perruque, des bras amovibles… Cela transforme les personnages : si de face ils restent assez classiques, de dos on découvre quelque chose d’effrayant. Halloween oblige !
Les pleurs, le bruit, le chant
Le premier homme nous accueille avec un chant trop vite remplacé par les pleurs très sonores des femmes. La musique de fond assez rythmique est habile pour tenter de nous entraîner. Parfois le chant revient pour notre plus grand plaisir mais cela est bien éphémère et laisse de nouveau place à ces jérémiades sonores.
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La peur, le gore
Dès le début, l’homme présent sur scène a du sang qui coule sur son visage depuis son crâne, puis de la peinture rouge est badigeonnée sur le corps des sept danseurs.
Si les pleurs sont assez gênants, quelques spectateurs rient, annonçant la fin du pathétique pour le gore. Lorsque deux hommes s’embrassent avec la langue sortie, celle de l’un finit par être arrachée par l’autre, ce qui provoque à nouveau des pleurs sur scène, mais des rires dans la salle, qui reviennent lorsque les danseurs miment des actes sexuels.
La danse, ou plutôt la non danse
Au final, très peu de danse dans cette proposition. Au début les femmes nues font quelques figures acrobatiques (pont, poirier) mais c’est lors de la deuxième partie que cela bouge enfin. Le groupe resserré vibre ensemble avec de petits à-coups qui s’amplifient, puis saute pour se déplacer. Il y a beaucoup de rondes qui rappellent parfois des jeux d’enfants. Les portés tourbillonnants nous font craindre le pire (que le porteur fasse volontairement tomber le danseur), mais heureusement aucun nouveau traumatisme n’est à déplorer.
Réveil
Comme dans un rêve on ne comprend pas tout mais cela vaut le coup de passer la première demie-heure de surprise totale pour découvrir l’univers des chorégraphes. Peu de personnes ont quitté la salle, en raison sans doute du fait qu’il y avait beaucoup de proches des artistes et de professionnels. Reste à voir comment le spectacle plaira !