CONCERT – Le Grand salon des Invalides résonne de l’harmonie délicate du duo Arborescence. La Saison musicale des Invalides, lors d’un de ses traditionnels lundis midis, déploie son cycle « Jeunes talents, premières armes » en partenariat avec le Conservatoire supérieur de musique et de danse de Paris, en célébrant la musique de chambre française des XIXe et XXe siècles.
Devant le public fidèle de la Saison musicale des Invalides, le lumineux Grand salon de l’hôtel doré, accueille un concert intime de musique de chambre à l’heure du déjeuner, avec le duo Arborescence. En résonnance avec la thématique de l’exposition temporaire du musée de l’Armée « Victoire ! La fabrique des héros », les deux jeunes musiciens proposent un voyage dédié aux soubresauts de l’Histoire de France. Fauré, Debussy, Poulenc : les compositeurs français du XIXe et XXe siècles dévoilent leurs sonates, témoignant d’engagements personnels et collectifs.
Musique et Histoire : engagez-vous, qu’ils disaient !
Si le piano est par moment un peu insistant par une usage excessif de la pédale, la communion d’Arborescence fait entendre un même souffle qui sert leurs dialogues. La Première sonate de Fauré, évoquant la défaite de 1870, trouve écho dans les phrasés délicats et les couleurs nuancées du duo, patent de sensibilité. L’archet agile d’Iris Scialom sculpte l’émotion, même lorsque la corde de mi cède soudainement en plein cœur du dernier mouvement. La violoniste poursuit son interprétation en faisant admirablement chanter sa corde de la, ne s’avouant pas vaincue malgré la difficulté. Première victoire !
Prêts à tout !
Après une pause improvisée pour réparer l’inattendu, Arborescence reprend son récit avec la Sonate pour violon et piano de Debussy. La recherche d’une palette sonore pastel, propre au compositeur, est entravée par la vibration de la corde grave. Néanmoins, la concentration extrême d’Iris Scialom et Antonin Bonnet offre une interprétation vivante, voire malicieuse, malgré cet aléa. Le pianiste a un geste souple, élancé même, pour mener des phrases aussi délicates que sensibles. La Sonate pour violon et piano de Poulenc, vibrant hommage au poète Federico Garcia Lorca, résonne avec une intensité figurative. La puissance émotionnelle de l’œuvre ne sombre pas dans la tristesse mais célèbre la beauté et l’admiration. Arborescence enveloppe ainsi l’auditoire de sonorités aussi furieuses que caressantes, à l’image du compositeur : sensibles et profondément engagées.
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Le rappel, un bel « Après un rêve » de Fauré, finit d’enchanter les spectateurs. La passion et la détermination d’Arborescence transparaissent malgré les imprévus techniques. Ainsi se clôt un récital touchant où la musique, telle un doux soleil d’automne, a illuminer davantage encore le Grand salon des Invalides.
Demandez le programme !
- Claude Debussy, Sonate pour violon et piano
- Gabriel Fauré, Sonate pour violon N°1
- Francis Poulenc, Sonate pour violon et piano
Who’s who ?
La violoniste Iris Scialom et le pianiste Antonin Bonnet sont tous deux étudiants en master international de musique de chambre (ECMAster) au Conservatoire National Supérieur de Musique et Danse. En 2021, ils unissent leur force pour monter le duo Arborescence, avec lequel ils sont primés au « Premio Annarosa Taddei » de Rome fin 2021 et au Stasys Vainiūnas à Vilnius en avril 2022.