AccueilA la UneDon Pasquale à Nancy : une griserie à l'italienne !

Don Pasquale à Nancy : une griserie à l’italienne !

OPÉRA – Une mise en scène élégante, vivante et efficace, un casting bien composé, un chœur et un orchestre entraînants : voilà les ingrédients d’un cocktail de Noël tout à fait réussi, proposé par l’Opéra national de Lorraine, avec l’opéra Don Pasquale, de Gaetano Donizetti.

Prosit !
Place Stanislas (Nancy)

Le prosecco, vin pétillant italien, est une composante indispensable d’un cocktail en vogue en ce moment : l’Aperol Spritz. Mélangez du prosecco avec de l’Aperol, de l’eau gazeuse et des glaçons ; vous obtiendrez alors une boisson énergisante, festive et qui tourne la tête juste ce qu’il faut pour vous rendre irrémédiablement de bonne humeur. Cet état de douce euphorie se ressent en ce moment à l’Opéra national de Lorraine, sur la belle place Stanislas de Nancy, grâce à l’opéra Don Pasquale, de Gaetano Donizetti, mis en scène par le britannique Tim Sheader. Comme le dit Matthieu Dussouillez, directeur de l’Opéra de Nancy, « c’est un art délicat de faire rêver tout en continuant à exprimer un regard aigu et pertinent sur notre monde contemporain ».

Pour mettre en valeur scéniquement la sublime musique de Donizetti et la parfaite construction du drame de Don Pasquale, Sheader a opté pour un building carré assez majestueux, figurant l’empire de Don Pasquale, magnat de la finance. On y découvre des espaces de travail, dans lesquels s’affairent des business men en costumes cravates, ainsi que des employés de maison. Il y a aussi le bureau personnel de Don Pasquale, à la fois élégamment arrangé et intimidant.

Il Padrino

Don Pasquale, quant à lui, est un combo de l’Avare de Molière et du Picsou de Walt Disney : un vieil homme riche et tyrannique, soucieux que son neveu Ernesto, qui doit hériter de sa fortune, fasse un beau mariage. La relation qu’Ernesto entretient avec sa femme de chambre Norina ne le satisfait évidemment pas. Manipulé par son médecin Malatesta, Don Pasquale va succomber aux simulacres de charme… de Norina, qui se fait passer pour la sœur religieuse de Malatesta. Sitôt le mariage acté par un contrat de pacotille, la belle ingénue se mue en tigresse capricieuse, croquant en quelques instants la fortune du vieux grigou. De guerre lasse et constatant le lien amoureux qui unit Ernesto et Norina, il accepte que ces deux-là se marient et leur assure une rente annuelle de 4 000 écus.

Marco Ciaponi (Ernesto), Vuvu Mpofu (Norina), Lucio Gallo (Don Pasquale), German Olvera (Malatesta) © Jean-Louis Fernandez pour Opéra national de Lorraine
Le dindon de la farce

Évidemment, Don Pasquale est le dindon de la farce, manipulé de toute part par son entourage (médecin, neveu et fausse épouse) et mis dans l’impossibilité de contrer leurs stratagèmes. On a beau dire, même si le ridicule ne tue point, il met minable et on en vient presque à prendre en pitié ce pauvre bougre.

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Un apitoiement principalement dû au baryton Lucio Gallo, qui assume son rôle avec une parfaite maîtrise vocale et un engagement physique qu’il convient de saluer. Sa présence scénique est réelle et, sur le plan de la performance artistique du moins, c’est lui qui gagne la partie. À ses côtés, la soprano Vuvu Mpofu (Norina), le ténor (Marco Ciaponi (Ernesto) et le baryton Germán Olvera (Malatesta) forment un trio maléfique qui fonctionne plutôt bien. Tous maîtrisent les difficultés techniques de la partition et s’engagent dans leurs rôles avec une gourmandise presque ogresse et jouissive.

Un bon cocktail… Molotov ?

Des trouvailles scéniques, comme les deux bonhommes de neige gonflables rose bonbon, les jeux de lumière ou encore les chanteurs du chœur, transformés en charmants lutins, viennent avec pertinence accompagner les péripéties de ce quatuor de solistes.

Chœur de l’Opéra national de Lorraine © Jean-Louis Fernandez pour Opéra national de Lorraine



Quatre solides chanteurs, une mise en scène efficace, des costumes inventifs, des musiciens au diapason de la partition, parfaitement menés par le chef Giulio Cilona : c’est net, c’est carré, pour un cocktail (Molotov ?) tout à fait détonnant ! Quand on connaît le faible budget annuel alloué à l’Opéra national de Lorraine, comparé à d’autres maisons d’opéra (suivez mon regard…), on ne peut qu’apolaudir une telle production, qui allie coûts maîtrisés, qualité artistique et réel plaisir dans la salle !

À voir jusqu’au samedi 23 décembre à l’Opéra national de Lorraine.
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