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L’Orchestre national d’Île-de-France fête ses 50 ans à l’Opéra de Massy

COMPTE-RENDU – L’Orchestre national d’Île-de-France (ONDIF pour les habitués et amateurs d’acronymes) invite à la fête, à la légèreté et au romantisme pour ce concert célébrant son jubilatoire jubilé (et oui, un demi-siècle déjà), à l’Opéra de Massy avant la Philharmonie de Paris, sous la direction d’Ainārs Rubiķis et en complicité avec le Geister Duo :

La musique « partout et pour tous » ! Un bien beau programme inspirateur d’une politique culturelle n’est-ce pas ? C’est en tout cas celui de l’ONDIF depuis sa création en 1974, et de sa centaine de musiciens proposant une centaine de concerts aux programmes variés, à travers la région capitale. Il n’est ainsi pas rare que cette phalange, en résidence à la Philharmonie de Paris, donne la primauté d’un programme à un autre lieu. C’est le cas de ce concert présenté à Massy, avant Paris.

Le dynamisme et la jeunesse de cet Orchestre se retrouve aussi dans son travail de présentation/médiation
Effusions et Fusions des genres

La richesse du répertoire de cet Orchestre se confirme dès l’ouverture de la soirée par une œuvre commandée spécialement pour l’occasion au jeune compositeur finlandais Joel Järventausta (le meilleur moyen de disposer d’un riche répertoire, c’est de l’enrichir aussi soi-même). Bacchanale (tel est le nom de ce morceau nouveau) semble creuser une forme de statisme sonore, par le travail de couleurs orchestrales, la juxtaposition de rythmes et d’évocations mélodiques. Ce son se densifie progressivement en un riche paysage acoustique allant de la musique pop à celle de cinéma ou même à certaines esthétiques  classiques du XXe siècle (sans être néanmoins explicites). L’Orchestre se montre volontiers complice de ces jeux, bien que le tempo relativement modéré ne permette pas l’effervescence attendue (même d’une pièce inattendue).

A lire également : Hommage à la Finlande par l’Orchestre national d’Ile-de-France
Geister Duo et Poulenc pour un patchwork de couleurs

Le jubilé de l’ONDIF célèbre la création, mais aussi le lien avec des solistes talentueux. Le Geister Duo, composé des pianistes David Salmon et Manuel Vieillard, s’empare ainsi à son tour du Concerto pour deux pianos de Poulenc. Malgré un début un peu précipité et quelques ajustements avec l’Orchestre, leur jeu clair et coloré révèle une connaissance profonde de l’œuvre (confirmée par leur exécution par cœur). Les passages vifs pourraient certes gagner en panache, les moments tendres et éthérés offrent cependant un bel épanouissement musical, particulièrement lors du touchant mouvement Larghetto. Le plus touchant « chant d’anniversaire » de la soirée, adressé à cet Orchestre quinquagénaire et pourtant toujours jeune, aura en fait été le bis des pianistes : le « Jardin féerique« , caresse finale de Ma Mère l’Oye de Ravel.

Victoire romantique

La soirée anniversaire se referme par un autre anniversaire : avec Anton Bruckner, compositeur dont l’année 2024 marque le Bicentenaire de sa naissance. Sa Symphonie n°4 dite « Romantique » plonge effectivement dans le romantisme de grands élans mais pertinents et attentifs sous la gestuelle précise du chef letton Ainārs Rubiķis. L’Orchestre déploie une énergie maîtrisée. Les altos se font particulièrement chaleureux et homogènes, tandis que les cuivres exultent dans les passages les plus grandioses. Les musiciens de l’ONDIF sont non seulement au complet mais avec le renfort d’élèves du Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse de Paris (CNSMDP, sauf qu’on passe là de l’acronyme au sigle). L’ensemble compose des phrasés cohérents et une respiration qui anime parfaitement le discours musical.

Nul besoin de discours pour célébrer les 50 ans de l’Orchestre national d’Île-de-France​, qui se montre fidèle à ses valeurs en rayonnant dans sa région auprès d’un public heureux et reconnaissant.


Allez et en Bonus, parce que l’Épiphanie est encore tellement récente que vous mangez peut-être encore de la galette en lisant cet article… Voici l’illustration par un Roi Mage en personne, de la différence entre l’acronyme (qui se prononce) et le sigle :

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