DANSE – L’Opéra de Rome donne carte blanche à de jeunes chorégraphes et deux pièces voient le jour au Teatro Nazionale, la seconde salle, plus moderne, de l’Opéra de Rome. La première proposition déçoit tandis que la deuxième bouscule.
Yellow – Par Adriano, pour Adriano
Adriano Bolognino, chorégraphe napolitain de 29 ans, est déjà bien connu en Italie. En 2022, il obtient le prix Danza Danza en tant que chorégraphe émergent et est soutenu par la fondation Orsolina28. Il a également créé pour Eleonora Abbagnato (ancienne étoile de l’Opéra de Paris désormais directrice du ballet de Rome) à l’occasion d’événements privés (défilé de mode et événement Ferrari). Yellow a été créé en 2018 avec Rosalia Di Maro, présente lors des saluts, mais désignée comme “assistante chorégraphique” dans le programme de salle…

On envoie du rythme
Le rideau rouge s’ouvre sur un décor monochrome jaune qui tranche avec les combinaisons bleues foncées des danseurs (douze femmes et un homme). La chorégraphie au style néo-classique joue sur les rythmes : les pas très rapides et saccadés côtoient des instants suspendus. Si les mouvements de groupes ne sont parfois pas tout à fait coordonnés, l’ensemble reste très bien exécuté. Les corps sont souvent courbés et la chorégraphie insiste sur les mouvements de dos et d’épaule. La musique s’arrête parfois pour entendre les respirations en chœur des danseurs.
On en voit peu la couleur
Les danseurs peinent à transmettre une émotion au public. Seul Simone Agro parvient à insuffler un certain lyrisme lors de son solo. On sent qu’un message doit nous parvenir mais lequel ? En se renseignant, on apprend que le jaune est la couleur préférée de la mère du chorégraphe. Le ballet d’Adriano Bolognino comprend “des éléments narratifs pas trop explicités liés à [sa] vie” et rend hommage aux gens qu’il aime… Cela signifie-t- il qu’il faut le connaître personnellement pour pouvoir comprendre son travail ?

I died for Love : politique et poétique
Après l’entracte, le duo de chorégraphes Riva e Ripele propose une création conçue spécialement pour le ballet de l’Opéra de Rome : I died for love. Simone Ripele né à Turin en 1993 et Sacha Riva né en 1991 se rencontrent lors d’un duo que Marco Goecke chorégraphie pour eux lorsqu’ils étaient danseurs au Ballet de Genève. Le duo de jeunes chorégraphes est désormais en résidence à Orsolina.

Il n’y a pas d’amour heureux
Le titre de la pièce fait référence à une chanson américaine “Butcher Boy” où un homme infidèle quitte sa compagne. Elle se suicide et laisse un message indiquant qu’elle est “morte par amour”. La pièce se base donc sur cette chanson mais également sur plusieurs reprises aux styles variés (pop, electro…).
Let moovit, let tragique
Le premier décor est un jardin : le sol est vert, le ciel est bleu, un arbre est présent et une femme est assise sur un banc. Un homme arrive, la séduit et lui offre un ballon blanc. Ce ballon sera le fil conducteur de la pièce : les hommes les gonflent, les femmes les portent en coiffe, et l’amoureuse du début s’en sert pour se suicider….

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Les mouvements sont généreux et variés (sauts, passages au sol…). Les duos sont particulièrement réussis avec des portés risqués mais parfaitement exécutés. Les couples s’attrapent à la volée, jouent avec le déséquilibre… Le duo de chorégraphes, qui avait déjà travaillé avec le ballet de Rome sur un autre projet, a bien ciblé le point fort de la compagnie (leur grande souplesse) et le met à profit. La chorégraphie parvient à dire quelque chose sans que cela soit au détriment de l’aspect esthétique. Cela rend le message encore plus percutant…